Sa majesté des mouches n'est plus ce qu'il était...
Bavard. Voilà le premier et unique mot qui m'est tout d'abord venu à l'esprit lorsque je suis sortie du ciné pour décrire ce film. J'étais pourtant entrée dans la salle pleine d'espoir tant le long-métrage semblait prometteur : scénario adapté du roman éponyme de Don DeLillo qui conte la fin d'un monde, réalisateur habituellement béton et surprenant, sélection au dernier festival de Cannes. Mais les ingrédients avaient beau être alléchants, le résultat n'en est pas moins déroutant et creux...
Pour commencer, j'ai eu l'impression durant tout le film de voir une pâle copie/synthèse des différentes oeuvres de Bret Easton Ellis. On dénonce ici le monde capitaliste et ses travers : les gens sont devenus vides de sens, ultra individualistes et intéressés par une seule et unique chose : le paraître ; paraître qui passe forcément par l'aspect physique, mais aussi par l'argent, les attitudes. Pour illustrer ceci, ici par exemple, le héros est marié avec une jeune femme qu'il ne connaît pas vraiment et vice versa : ils mangent pourtant ensemble et se voient tous les jours, et pourtant, elle s'étonne à plus de la moitié du film qu'il voie un médecin tous les jours, alors qu'il le fait depuis toujours et le lui a redit lors de leur précédent dîner... On n'écoute pas les autres, il faut être vu avec eux, ils deviennent des accessoires. Le problème du film, c'est pourquoi avoir pris d'aussi gros sabots ??? On a l'impression que David Cronenberg a fait une liste de toutes les théories, puis a collé les scènes les unes après les autres...
C'est là un gros défaut du film : la mise en scène assez mauvaise à mon sens, les scènes n'ayant pas de véritable lien les unes avec les autres. Autre chose troublante : la musique ou plutôt l'absence de musique pendant quasi tout le film ; c'est là selon moi l'une des raisons qui font que le film est si chaotique, les scènes se succèdent du coup, sans lien, comme une suite de saynètes collées à la suite les unes des autres. Autre choix problématique : les dialogues. Mais pourquoi sont-ils aussi bavards ???? Etait-il réellement nécessaire de faire réciter aux acteurs des dialogues aussi longs et indigestes ? On a l'impression d'étouffer et de sombrer en même temps, on a aussi très envie de leur hurler de se taire un peu, histoire de nous laisser un peu de tranquillité...
Il n'empêche que je me suis demandé si cette mise en scène saccadée et décousue n'était pas voulue, pour illustrer la lutte dans l'esprit du perso principal : comme si l'on était dans sa tête, pendant qu'il se fait un film...
Par contre si la mise en scène et le scénario sont mauvais, j'ai été agréablement surprise par le jeu des acteurs, que j'ai trouvé bien meilleur que ce à quoi je m'attendais. Mention spéciale à l'entartreur Mathieu Amalric que je ne m'attendais pas à trouver là. Il a donné une réelle bouffée de fraîcheur, à la fois par son jeu, bien plus naturel que la plupart des autres acteurs et par sa storyline. N'empêche, ce qu'il a fait au héros, ça m'a fait penser au réalisateur ; vous croyez qu'il faut lui dire à David que son film fait quand même vachement prétentieux ?
A plusieurs reprises, le héros parle de rats ; on voit également des rats morts, au bout des bras tendus de plusieurs personnages ; à chaque fois, je n'ai pu m'empêcher de me dire "Wouah, tiens, un rat mort, c'est exactement ça, je me fais chier comme un rat mort ici !!!"...
Bon, au final, je lui donne deux point : un car le passage de l'entartrage, j'ai absolument adoré, et un autre car si c'était décousu, c'était tout de même bien filmé et dirigé. Par contre, je ne donnerai pas plus tant ce film s'est avéré ennuyeux et long (l'heure quarante-huit semble passer au ralenti !!!). Mais où est passé le réalisateur de génie qui m'avait happé du début à la fin avec La Mouche et A History of Violence ???
En bref : beaucoup de bruit pour rien, vous pouvez passer votre chemin sans regrets aucun.