A l'instar de Jacques Audiard, j'ai retrouvé David Cronenberg. Après le tiède A dangerous method, on craignait un peu pour le metteur en scène canadien. Heureusement, il n'a pas trop tardé à nous rassurer. Cosmopolis est une réussite, même si ce n'est pas son meilleur. Toutes ses références et ses obsessions sont là. On pense beaucoup à Crash ou à Videodrome même s'il ne va pas aussi loin dans le trash et le délire. Contrairement à Walter Salles avec Sur la route (tous deux en compétition à Cannes), il réussit, lui, l'adaptation d'un livre culte jugé inadaptable sur grand écran. Le roman de Don DeLillo date de 2003 et est fortement prémonitoire de la crise financière que l'on vit et d'un futur proche pas vraiment réjouissant. Dans un constat grinçant sur la société capitaliste, on assiste, en une journée, à la brutale descente aux enfers d'un jeune golden boy, de l'espace confiné de sa limousine au glauque des bas-fonds de New York. Il y perdra toutes ses valeurs et tout sens de la réalité en perdant tout ce qui faisait sa vie, sa femme et surtout son argent et son pouvoir. Pour l'incarner, après le désistement de Colin Farrell, Cronenberg s'est tourné vers Robert Pattinson l'acteur adulé de Twilight. Il y est juste impressionnant. Totalement habité par le personnage, il tient tout le film sur ses épaules, et il est de chaque plan. Comme sa consoeur Kristen Stewart, il réussit le passage de l'après et devrait faire une belle carrière. En tout cas ici, je l'ai trouvé formidable. Le reste du casting est de choix entre les français Juliette Binoche et Matthieu Amalric, Samantha Morton et Sarah Gadon, Kevin Durand et l'excellent Paul Giamatti (Marion Cotillard s'est désistée pour cause de bébé, Keira Knightley et Noomi Rapace ont été pressenties). Techniquement c'est aussi très réussi. Les décors sont parfaits. La majeure partie du film se passe dans la limousine, personnage à part entière, véritable esprit du héros. La photo est magnifique. Les plans très resserrés sur les visages sont splendides.
Alors certes l'ensemble est très spécial, lent, et extrêmement bavard. Ne pas se fier à la bande-annonce qui annonce un film d'action au montage très serré. Les scènes de violence sont peu nombreuses mais fulgurantes et quand on ne s'y attend vraiment pas. C'est fascinant et quasi hypnotique. La plupart du temps, il ne faut pas chercher à comprendre, comme beaucoup d'autres films du réalisateur (ou comme chez Lynch) mais juste se laisser porter. Le tout, avec du recul, est très cohérent. Bref, une excellente surprise, j'ai beaucoup, beaucoup aimé...