ma synthèse des critiques/analyses positives sur le film
Plutôt orienté « cinéphiles », la dernière réalisation de David Cronenberg est remarquable sur le plan visuel, usant du montage comme du cadrage avec une science qui n'appartient qu'à lui et en fait l'un des plus grands cinéastes de notre temps.
Se déroulant principalement à bord d'une limousine qui parcourt un Manhattan peuplé de bourgeois faisant leur footing et d'émeutiers exhibant des rats au nez des consommateurs, Cosmopolis traite de plus avec élégance des signes et des obsessions de notre époque (célébrité, médias, surveillance, pouvoir...). Ces nombreuses qualités permettront aux plus tolérants de supporter de longs dialogues pseudo-philosophiques difficiles à suivre. Mais ces derniers sont-ils vraiment essentiels pour apprécier le film ? Je crois que ces dialogues valent moins pour leur contenu que pour leur présence, jouant un rôle précis dans le film, à savoir : laisser au personnage principal l'illusion qu'il SAIT, donc qu'il CONTRÔLE le cours des événements.
Nous vivrons une journée particulière dans la vie d'Eric Michael Packer, puissant financier incarné par Robert Pattinson (le fameux vampire romantique des films Twillight). Empruntant sa limousine blindée pour se rendre chez son coiffeur favori malgré les embouteillages et des rumeurs d'attentat contre sa personne, il n'en démordra jamais : ce serait indigne d'un homme comme lui. Son acharnement à poursuivre sa route pourrait être pris pour de l'orgueil, mais au fur et à mesure des événements, on comprendra qu'il s'agit surtout d'un déni constant et croissant vis-à-vis de ce qui se présente comme une menace pour sa fortune et son entreprise (une « simple » variation du cours de la monnaie chinoise). Ce serait réaliser qu'il n'a pas été infaillible, qu'il ne l'est pas.
Le changement se joue ici : devant les épreuves et les catastrophes, son esprit froid et calculateur va se fissurer pour laisser s'exprimer ses pulsions, ses peurs... Tout ce qui différencie un homme d'une machine en somme.
Adaptation d'un roman de Don de Lillo, Cosmopolis est un huis clos extraordinaire. Il faut dire que le chemin de croix du trader contrarié par le sort est très amer. La peinture qui en est faite est alors d'autant plus inestimable qu'elle est parfaitement surréaliste.