Ou quand Robert Pattinson incarne encore une fois un vampire
David Cronenberg et moi, ce n’est pas vraiment une histoire d’amour. Alors certes, certains de ses films ont fait mouche, mais la plupart, m’ont quelque peu laissés sur ma faim. Que l’on évoque Videodrome, History of Violence, Existenz ou encore les Promesses de l’Ombre.
Et c’était d’ailleurs aussi le cas de ce Cosmopolis devant lequel je l’avoue, je m’étais endormi la première fois. C’est donc avec méfiance et peu d’espoir que je me suis lancé dans un second visionnage de Cosmopolis …
Autant le dire de suite, j’ai été grandement surpris.
Oui monsieur, j’ai aimé, finalement ce Cosmopolis.
Oui monsieur j’ai été captivé par ce film mettant en scène un golden boy, milliardaire, conard de profession, tenant à sa volonté absurde au mépris du danger, déambulant dans cette ville en pleine décadence afin d’aller se faire couper les cheveux.
Oui monsieur j’ai apprécié cette mise en scène atypique, cette action concentrée la majeure partie du temps dans cet environnement coupé du monde, clos et exiguë qu’est cette limousine, symbole du système capitaliste (?), qui semble être le principal foyer de Parker et qui parait agir comme un filtre sur sa perception de l’extérieur et au sein de laquelle Pattinson trône tel un roi sur le monde.
Oui monsieur j’ai savouré ces discussions fleuves et cette galerie de personnages, tous plus fous les uns que les autres. Avec en tête notre Robert Pattinson, loin d’être un merle, sorti de son rôle de vampire pour midinettes et qui fait ici plus que le job et habite son rôle d’être méprisable imbu de lui-même, toujours obsédé par sa santé et son apparence (coupe de cheveux oblige), acheteur compulsif et mégalomane, spéculateur professionnel, mais pourtant tenu en échec par une femme ; ou encore cette sorte de gourou du cyber capitalisme (pour faire simple) qui vomi ses paroles à un rythme soutenu ; ce prolétaire en quête d’identité révolté pourfendeur du système établi, cet entarteur à l’accent trop français ou encore cette spécialiste d’art aux méthodes de vente assez décalées.
Oui monsieur j’ai kiffé cette sorte de descente aux enfers, cette ambiance, permise par une photographie froide voire glaçante, qui se fait plus sombre, plus oppressante, plus tendu à mesure que le temps coule et que la limousine arrive vers sa destination.
Oui monsieur j’ai été convaincu par cette mise en scène d’une sorte de fin du monde, voire en pleine auto-destruction (du bas vers le haut), et de critique du système capitaliste, colosse aux pieds d’argil. Certes pas forcément originale dans le propos, mais plutôt atypique dans sa forme et son traitement. Les puissants complètements déconnectés de la vie réelle, ce cynisme exacerbé dont ils font preuve, cette suffisance qui émane d’eux, ce sentiment de toute-puissance duquel ils jouissent, cette obsession pour le fric mais dont ils ne voient pas réellement la couleur, et leur gestion des choses déshumanisée etc etc
Oui monsieur je reconnais que certaines scènes peuvent être inutiles et certains dialogues abscons. Mais non monsieur vous n’allez pas me retirer le plaisir sincère que j’ai éprouvé en regardant Cosmopolis !
Original, atypique, décalé, intriguant, le film de Cronenberg l’est indubitablement. Reste à savoir quel qualificatif de qualité vous allez lui coller derrière …
PS : j’aurais aussi pu dire madame, j’en conviens