Country Teacher par Madie Murakawa
L'insistance sur des choses insignifiantes tel l'aspect des coquilles d'escargots ou le caractère asexué des abeilles ouvrières en dit plus sur le personnage qu'on ne le croit car comme les premières le passé de cet homme se ressent sur sa gestuelle (son corps, sa "carapace") et son rapport aux autres (la tendance au repli sur soi, y compris au travers des lieux où il dort), quand au second il met la lumière sur une chose tellement naturel mais encore peu ancrée dans la conscience de chacun : l'amour n'as pas de sexe (en référence son homosexualité-bisexualité). Bref évoquer la Nature pour évoquer celle de l'être humain (sans pour autant tomber de le piège de la fable naturaliste ou "écologique").
Mention particulière pour une scène très touchante : celle où le personnage tente de cacher son désir pour le jeune homme dont il est tombé amoureux, et qui dort près de lui. L'homme est prisonnier de son désir pour ce garçon, qu'il essaye de refouler au plus profond de lui, désir finalement trahit par ses gestes et son corps en entier mais toujours de manière très pudique, telle une danse (même chose pour la scène où il masturbera l'adolescent). Ou comment filmer le désir à nu sans frôler le vulgaire ou le pornographique.
Au final, un film poétique, fluide et non consuelle, qui a le mérite de montrer sans volonté moraliste que le concept de différence est absurde lorqu'il pousse les individus dans leurs retranchements, puisque par définition chaque être est différent d'un autre : les scènes du coming out et des fêtes de villages sont d'un humour et d'une beauté rarement égalés (il faut avouer que voir des punks ou un quinquagénaire arborant un t-shirt 50 CENT et une veste en cuir sont des phénomènes peu courants dans les villages de République tchèque ou d'ailleurs...)