Le thème de la famille est récurrent, voire omniprésent, dans l'oeuvre d'Ozon. Et "Ricky" n'échappe pas à la règle. Si le réalisateur trouve son dernier enfant moins "haineux" que "Sitcom", il a avant tout voulu aller contre ou au delà des éternels clichés de la maternité et de l'enfance, qui voudrait que l'enfant soit candide et la mère gentille, niaise et trop mère poule.

La petite fille est ici consciente de ce qui se passe autour d'elle et est très responsable (c'est elle qui parfois endosse le rôle de la mère, et pas seulement avec Ricky), et si la mère semble incapable d'aimer ses enfants c'est simplement qu'elle les aiment autrement, sans mièvrerie. Bref ne pas se fier aux apparences...

Loin d'un esthétisme "digne du réalisme social des frères Dardenne" dixit Ozon, ce film se veut une réflexion sur la structure familiale en adoptant le mélange des genres cinématographiques, ou plutôt le désir de dépasser les frontières sans vouloir se fixer dans une case. Et cela donne des scènes surprenantes, où le fantastique s'introduit dans le quotidien morose (scooter, usine, dodo) d'une famille très modeste pour le rendre plus poétique, touchant. Mais le film n'est pas si rose pour autant : il aborde un autre thème "cher" à Ozon, le deuil (cf : "Le temps qui reste"), qui ici passe par l'abandon... Mais encore une fois pas celui qu'on nous laisserait entendre au début du film.

En définitive, un film très ambigü, féroce et beau à la fois, entre Freaks (l'humanité de la différence) et le conte de fée au vitriol (avec la scène très mordante de la petite fille mangeant son aile de poulet et qui regarde son petit frère de façon quasi provocatrice, scène qui en dit plus qu'on ne pourrait le penser au premier abord...). Et des acteurs que l'on découvre sous un autre jour (comme Alexandra Lamy, qui avait habitué le public à un jeu plus "comique", est ici naturelle, simple et sincère. Un véritable reflet d'humanité) ou que l'on découvre tout court (comme Mélusine Mayance qui joue le rôle de la petite Lisa avec perfection et sincérité).
Madie_Murakawa
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le 1 févr. 2013

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Madie Murakawa

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