Peu de Westerns narraient une telle histoire avant que Peckinpah ne réalise Ride the High Country. Il est un des rares films du genre à être aussi imprévisible.
Je suppose qu’il n’y a rien d’inhabituel dans l’histoire de deux cow-boys vieillissants qui se réunissent pour un dernier coup (en toute légalité), l’un ayant des valeurs morales plus flexibles que l’autre. Pour leur défense, ce doit être difficile de transporter des sacs d’or sans souffrir d’aucune tentation. Il ne doit pas être inhabituel non plus de leur accoler un jeune inexpérimenté mais séduisant qui tombera inévitablement amoureux de la seule demoiselle qui se trouvera sur leur passage.
Jusqu’à présent, on croirait regarder un western comme tant d’autres, mais c’est ici que les similitudes s’arrêtent. Le jeu, bien qu’un peu daté en 2017, est assez largement supérieur aux films du même genre qui l’ont précédé (pas tous non plus, j’en conviens), en particulier pour un Randolph Scott à contre-emploi.
L’oeuvre de Peckinpah se démarque également par ses dialogues de grande qualité. Outre les punchlines habituelles, on retrouve surtout des passages assez absurdes qui feraient presque du film une comédie, comme lorsque Scott et McCrea discutent de la qualité des bottes de ce dernier. De mémoire, ça donne quelque chose comme ceci:
Scott: "I see you believe in ventilation."
McRae: "Those boots were made by Raoul in San Antonio. Special order. I had a hell of a time
persuading him to put that hole in there."
Scott: "I remember Raoul. Good man. He believed that the boot should always cover the foot."
Dans le même temps, le film dévoile une face sombre de la société de l’époque et notamment la place de la seule femme de l’aventure. Alors qu’elle retrouve son futur mari, elle manque de se faire violer à multiples reprises par celui-ci et ses compagnons, sachant qu’elle avait déjà eu quelques mésaventures sur le chemin, permettant à Peckinpah de détruire le mythe du cow-boy empli de valeurs et droit dans ses bottes dont il jouissait jusque là.
Difficile de ne pas dévoiler la conclusion, mais celle-ci évite la facilité tout en nous servant un bon spectacle.
Si Ride the High Country n’est pas un chef-d’oeuvre et qu’il a pris un léger coup de vieux, le 2e film de Peckinpah est clairement un tournant dans le genre qui était alors encore très manichéen. Entre de très beaux paysages, de bons dialogues et une histoire à rebondissements, le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer.