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Documentaire posé, argumenté & relativement exhaustif qui dresse un bon état des lieux de la compétition internationale & fait le tour des enjeux sociétaux & dangers inhérents à cette technologie, artificielle certes mais pas spécialement intelligente.

D'ailleurs, le terme intelligence relève surtout du slogan publicitaire accrocheur, la preuve en est que ça marche... tout le monde le reprend en chœur, sans même y réfléchir.

En fait, on peut dire qu'elle sera + ou - intelligente le jour où elle pourra empêcher l'humain de lui couper le courant.

Grosso modo, l'intelligence c'est la capacité d'un être vivant à se sortir d'une situation donnée avec les moyens du bord, c'est à dire ses capacités mentales/physiques & ce qu'il a sous la main (définition perso).

La narration appuyée par de nombreux/euses intervenant(e)s évite l'écueil de la propagande techno-scientiste tout en ne versant pas non plus dans le pamphlet puérile.

L'exercice de style nous épargne également le discours ambivalent "c'est pas si bien mais c'est bien quand même" & explique comment les choses se passent concrètement en se focalisant principalement sur le parcours de 3 acteurs de la filière.

À chacun(e) de lire un peu entre les lignes, le message est suffisamment limpide pour ce faire.

On y apprend notamment comment les compétences chinoises dans ce domaine proviennent principalement d'un partenariat avec... billy gates le monopoliste windaubé & grand humaniste désintéressé comme chacun sait.

"Y'a un potentiel incroyable de manipulation (des masses)" dixit l'un des responsables d'une des sociétés engagées dans cette course effrénée, ben voui mon gars.

On en revient toujours à se demander ce qu'il y de pire entre l'inconscience & la lucidité face aux risques quand le résultat revient au même.

"Vite, vite, faut le faire parce que... les autres le font" relève de la même logique que celle qui a prévalu & prévaut pour la course aux armements.

Car, ne nous y trompons pas, les aspects géostratégique, géopolitique, militaire & économique prédominent largement dans cette histoire.

L'environnement qui permet notre survie en tant qu'espèce, l'énergie ou la santé, cités régulièrement à tort comme domaines d'applications possibles, passent complètement au 2nd plan.

Quant à la science dans le bon sens du terme càd l'accumulation de connaissances, elle n'est plus qu'un alibi quand la finance s'en mêle.

Quid de la gigantesque infrastructure, sur laquelle s'appuie cette technologie, qui consomme une quantité faramineuse de matières premières & d'énergie pour un service rendu somme toute très relatif.

En effet, ce n'est pas un logiciel informatique même très particulier qui va, par exemple, empêcher l'humanité de se manger la foudre climatique dans toute sa diversité ou lui permettre d'avoir accès à un bon système de santé ou à une alimentation saine, locale & équilibrée.

Mais bon, continuons... puisque les autres le font.

Le doc se plante sur la traduction française du trillion qui ne correspond pas au milliard (billion) mais à 1000 milliards... de 1000 sabords !

Open source ou privée, on voit clairement quelle version a la préférence des marchés financiers, & donc des pays capitalistes, tjs en quête de profit à court terme.

Conscientes du danger qu'elles génèrent, les sociétés privées ricaines jouent les ptites malines, en refilant la patate chaude au législateur pour qu'il ponde un pseudo cadre légal taillé sur mesure, qui sera ce qu'il sera... imparfait/permissif comme souvent & sujet à tout type de dérives.

L'unique intérêt est de rassurer tout ce petit monde & permettre la poursuite des affaires dans un cadre plus serein, ensuite... on verra bien, comme d'hab.

Raison pour laquelle, en matière de législation sur les technologies, en général il vaut mieux raisonner sur des principes simples quand on fait face à la complexité d'un dossier technique, qui n'est bien souvent qu'apparente d'ailleurs.

Le doc nous explique que, pour cette technologie spécifique, la plus grande force de l'open source est aussi sa plus grande faiblesse vis-à-vis d'intentions malveillantes.

Et donc, par exemple, quid d'une technologie européenne non open source, 100 % publique & sous le contrôle théorique des élus & des électeurs ?

Une technologie qui serait la seule autorisée dans l'UE, ce qui réglerait le problème d'une réglementation trop contraignante qui entraverait le développement des sociétés privées européennes, puisqu'on aurait un pôle public au passage sans doute mieux accepté par l'opinion.

Mais il est fort improbable que cette voie soit choisie à cause du diktat de la sacro-sainte croissance économique, & d'ailleurs cette possibilité n'est même pas évoquée dans le doc.

D'un autre côté, rien ne garantira jamais, & surtout pas les belles promesses de ses concepteurs, qu'une pseudo "IA" ne puisse pas être piratée, peu importe la solidité de son code, open source ou non, Motoko Kusanagi ne me démentira pas ^^.

Si j'étais codeur dans ce domaine, je proposerais de faire des trucs avec des machins bidules à destination des réseaux sociopathes, promettrais un rendement financier minimum de 10 %/an & ferais une levée de fonds privés pour ensuite... me barrer avec, à l'image de pas mal de crypto-monnaies qui ne sont rien de plus que des arnaques exploitant bêtement le ressort de la cupidité.

In fine, chaque acteur du secteur se convaincra qu'il fait au mieux selon son propre code moral, législation stricte ou pas, vigilance de la société civile ou pas, & serrera quand même un peu les fesses, + ou - consciemment, au cas où ça dérape... tout en espérant que ça survienne le plus tard possible.

Attention aux lendemains qui déchantent & au jihad bultérien ! Mouahahah.