Aux abords des champs de courses, Fernand Gravey fait métier de plumer les gogos en se faisant passer, notamment, pour un entraineur de cracks. Le pigeon tout trouvé pourrait être ce provincial opulent, joué par Jean Richard, en goguette à Paris.
La comédie de Norbert Carbonnaux raconte les péripéties d'usage grâce auxquelles Gravey, mal secondé par un apprenti aigrefin qu'il vient de recruter et, épisodiquement, par l'escroc confirmé que campe Louis de Funès, croit pouvoir "ferrer" le dispendieux Jean Richard.
Si, en cours de route, le scénario montre quelques signes de faiblesse, voire des moments d'absence au hasard de digressions pas très probantes, la comédie s'avère plutôt réussie et joyeuse, parfois astucieuse. Gravey, en filou distingué et finalement piteux, y fait une belle composition et annonce avant l'heure, c'est-à-dire avant les Ventura et autre Blier, les porte-parole savoureux de Michel Audiard. Le dialoguiste, dans un registre pas encore aussi typé que par la suite, est d'ailleurs la valeur ajoutée de la comédie. L'univers hippique, qu'il retrouvera plus tard dans le médiocre "Gentleman d'Epsom", offre à Audiard une belle matière à son langage populaire et à son sens de la formule imagée.