Etant donné que j'ai grandi dans un environnement assez rural et que lorsque j'étais étudiant, j'ai eu l'occasion de suivre pendant plusieurs jours la vie d'un agriculteur et plus précisément d'un éleveur de vaches à lait alors que la crise laitière faisait rage en Belgique (aux alentours de 2009- 2010), je n'ai pas nécessairement appris grand chose.
Car forcément, le documentaire de Arnold nous montre ce qu'est la vie d'une vache aujourd'hui et qui n'est juste bonne qu'à produire du lait en énorme quantité, à se faire engrosser pour créer des petits veaux dont elle est rapidement séparée, etc. Bref, tout est montré uniquement sous le seuil de la rentabilité.
J'apprécie le parti pris de ne montrer que la vache mais j'ai quand même envie de nuancer un rien le propos car l'éleveur est alors dépeint comme un être sans coeur. La plupart des fermiers aiment leurs bêtes et font le maximum pour qu'elles aient la plus belle vie possible au regard de ce que la dérive du fonctionnement de notre monde propose. Oui, ici, cette vache est euthanasiée à la fin, mais me semblait avoir des difficultés à encore se déplacer correctement. Mais soit. Le propos n'est pas là.
J'aurais aimé aussi que l'on contextualise un petit peu plus la façon dont les éleveurs doivent maintenant évoluer dans un système qui tend complètement à "désanimaliser" le vivant. L'UE notamment participe à tout cela et impose des systèmes dont bon nombres d'éleveurs se passeraient bien. L'UE cherche à tout prix à construire des mégastructures, comme aux Etats-Unis, et à faire disparaître les petites fermes et continue donc à pousser l'être humain à ne penser qu'à propos du seuil de la sacrosainte rentabilité.
Bref, j'aurais aimé en fait qu'Andrea Arnold donne aussi la parole aux fermiers qu'elle filme. Car s'ils participent aussi au système, ils en sont aussi une victime collatérale. Car personne ne sort gagnant à désacraliser à ce point la vie.