Avec Cow, Andrea Arnold délaisse la fiction pour le documentaire, une immersion austère et sensorielle dans la vie ordinaire d’une vache laitière. Loin de tout anthropomorphisme ou militantisme explicite, le film explore la tension entre la dignité d’un être vivant et son asservissement silencieux.
Arnold adopte un point de vue radical : la caméra, constamment à hauteur de vache, refuse tout surplomb. L’absence de commentaire, de musique extradiégétique, et la focalisation sur les sons bruts (le mugissement, le cliquetis des machines, le crissement des pas dans l’étable) inscrivent le film en héritière du dogme 95.
Arnold ne cherche pas à convaincre par le discours, mais à confronter par le regard, en rendant palpable l’existence d’un être souvent réduit à l’invisibilité.
En somme, ce film est un témoignage de cette existence matérielle, où l’individu est subsumé par une fonction : produire, servir, disparaître.