À travers le dédale des couloirs du Vatican, "Conclave" installe un théâtre où résonnent les échos d'ambitions voilées et de murmures calculés. Pourtant, derrière la façade d'un thriller religieux où les rebondissements sont prévisibles, se cache un tableau plus vaste, une tentative, inaboutie mais sincère, de sonder les contradictions de la foi et les rouages d'une institution tiraillée entre tradition et renouveau.
Les personnages se présentent comme des figures grotesques de leurs idéaux : le cardinal raciste, dépourvu de nuance ; le saint humaniste, inévitable héros moral ; ou encore les dialogues surannés qui effleurent, sans conviction, les cicatrices des scandales ecclésiastiques. Ces caricatures vident le conclave de sa substance doctrinale, réduisant ce qui pourrait être une fresque sur la complexité du pouvoir spirituel à un exercice de surface.
Pourtant, tout n’est pas à laisser dans ce labyrinthe sacré. Les décors somptueux, la reconstitution minutieuse des protocoles et des hiérarchies, et cette tension palpable entre ferveur religieuse et politique cynique confèrent au film une étrange gravité.
Le véritable cœur de "Conclave" réside ailleurs : dans cette quête désespérée de certitude, dans ce questionnement existentiel sur le rôle de l'Église dans un monde en perpétuel changement. Enfin, son ironique et audacieux dénouement, à la fois absurde et provocateur, laisse un goût d'inachevé.