Mélodrame incandescent où Florence Pugh et Andrew Garfield incarnent des amants suspendus entre l'éclat fragile du présent et la pénombre inexorable de l'éphémère. Leur alchimie irradie l’écran, transcendant les dialogues pour donner corps aux silences, aux regards et à la douleur d’un amour menacé par l'inéluctabilité et les attentes de l'autre.

Ici, Crowley déconstruit la linéarité temporelle pour proposer une narration fragmentée. Ce procédé, s’il évite la prévisibilité, peut parfois sembler artificiel, comme un ornement dissimulant une intrigue classique. Mais au-delà de cette mécanique narrative, le film propose une réflexion sur l’urgence d’aimer dans un temps compté, une invitation à embrasser chaque instant malgré l’inexorabilité de son dénouement.

Sous la surface polie de son récit, le film reste cependant ancré dans des conventions mainstreams. L’enfant devient l’ultime accomplissement, et l’union du couple triomphe des épreuves, validant une vision consensuelle de l’amour et de la parentalité. En plaçant la maternité comme un compromis naturel ou un geste d’amour ultime, Crowley réaffirme un cadre traditionnel, là où il aurait pu interroger ces injonctions sociétales.

Malgré cela, les performances de Pugh et Garfield confèrent au film une humanité bouleversante. Pugh habite son personnage, incarnant une femme tiraillée entre aspirations personnelles et attentes extérieures. Garfield, vulnérable et lumineux, confère à son rôle une gravité légère, une profondeur immédiate. Ensemble, ils font presque oublier les clichés omniprésents de l'histoire d'amour et les écueils d'un scénario qui préfère apaiser que heurter.

L’Amour au présent ne réinvente pas le genre, mais n'en a pas la prétention. Un film qui, malgré ses failles, trouve une certaine grâce dans sa simplicité. En somme toute, un drame qui ne dérange jamais et qui préfère émouvoir que troubler, confortant plutôt que questionnant.

cadreum
4
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2024

Critique lue 828 fois

19 j'aime

2 commentaires

cadreum

Écrit par

Critique lue 828 fois

19
2

D'autres avis sur L’Amour au présent

L’Amour au présent
cadreum
4

La forme en ornement sur le fond

Mélodrame incandescent où Florence Pugh et Andrew Garfield incarnent des amants suspendus entre l'éclat fragile du présent et la pénombre inexorable de l'éphémère. Leur alchimie irradie l’écran,...

le 25 déc. 2024

19 j'aime

2

L’Amour au présent
JorikVesperhaven
8

L'amour sublimé (et fragmenté)

Dans le rayon des films romantiques, qu’ils soient dramatiques ou comiques, on a l’impression d’avoir tout vu. Surtout quand ce type de films n’est pas notre tasse de thé. Néanmoins, il se pourrait...

le 19 oct. 2024

15 j'aime

L’Amour au présent
RedArrow
8

Chaque instant compte

Réunir Florence Pugh et Andrew Garfield, deux des plus talentueux et éclectiques acteurs de leur génération, au sein d'une romance made in A24... On répond forcément présent. Par leur seule présence...

le 5 déc. 2024

9 j'aime

Du même critique

Maria
cadreum
9

Maria dans les interstices de Callas

Après Jackie et Spencer, Pablo Larrain clôt sa trilogie biographique féminine en explorant l'énigme, Maria Callas.Loin des carcans du biopic académique, Larraín s’affranchit des codes et de la...

le 17 déc. 2024

24 j'aime

3

L’Amour au présent
cadreum
4

La forme en ornement sur le fond

Mélodrame incandescent où Florence Pugh et Andrew Garfield incarnent des amants suspendus entre l'éclat fragile du présent et la pénombre inexorable de l'éphémère. Leur alchimie irradie l’écran,...

le 25 déc. 2024

19 j'aime

2

Conclave
cadreum
4

Tragédie au Foyer des Silences

À travers le dédale des couloirs du Vatican, "Conclave" installe un théâtre où résonnent les échos d'ambitions voilées et de murmures calculés. Pourtant, derrière la façade d'un thriller religieux où...

le 30 nov. 2024

18 j'aime