Réunir Florence Pugh et Andrew Garfield, deux des plus talentueux et éclectiques acteurs de leur génération, au sein d'une romance made in A24... On répond forcément présent. Par leur seule présence et l'alchimie instantanée qui se crée entre ces deux-là à l'écran, "We Live in Time" aurait déjà pu être une proposition du genre attachante en soi si le film se contentait d'une narration classique.
Mais non, cela ne suffisait pas ! Il a fallu que ce diable de John Crowley ("Brooklyn") en choisisse une fragmentée, déstructurant chronologiquement l'histoire d'amour vécue par ses personnages, Almut et Tobias, pour faire de son long-métrage une petite merveille !
S'axant autour de trois événements majeurs de leur relation (la rencontre, la naissance d'un enfant et quelque chose de bien plus triste), "We Live in Time" va en effet mélanger leurs temporalités respectives au sein de son récit pour les faire se ricocher entre eux, que ce soit par le parallèle de certains plans ou la répercussion de certaines situations/répliques, et en décupler ainsi les ravages émotionnels sur notre petit coeur de spectateur face à ce que l'on sait du passé ou du devenir de ce couple.
Les sourires (et ils sont nombreux) ou les larmes (idem, préparez les mouchoirs), les instants de pur bonheur ou des plus terribles drames, les baisers passionnés ou les échanges houleux, les petits mots au quotidien ou les déclarations romantiques à plus grande échelle... Grâce à ce faux chaos chronologique (les enchaînements d'une époque à une autre sont en réalité très fluides), "We Live in Time" trouve une espèce de langage parfait pour nous rappeler que chaque instant d'une relation vaut la peine d'être vécu à sa pleine mesure et qu'ils ne sont en fait qu'un point en miroir d'autres à l'intérieur de la vaste et plus complexe mosaïque d'un amour indéfectible construit sur la durée.
D'une tendresse infinie mais jamais naïf, touchant au plus juste mais jamais pris en flagrant délit de tire-larmes facile, le film de John Crowley est de plus -comme attendu- porté par les superbes prestations de ses deux interprètes, apportant toutes leurs subtilités propres de jeu dans les mille et une nuances offertes par l'exploration de cette romance à travers le temps, et ce autant en termes d'individualités amenées à se croiser qu'en ceux d'un couple fusionnel traversant une vie où le deux ne fait désormais plus qu'un.
Tirée par ces deux archers surdoués sous la houlette de leur habile maître d'armes/metteur en scène, la flèche de "We Live in Time" nous atteint sans mal en plein palpitant pour engendrer un déferlement d'émotions qui nous laisse un genou -voire deux- au sol, bien encore après son visionnage.
Premier gros coup de coeur de 2025 (on a un peu d'avance