I Wanna Hold Your Hand brosse le portrait d’une génération marquée par les Beatles, regardée avec une certaine distance critique dans la mesure où le film sort une quinzaine d’années après la période qu’il investit et dont est d’ailleurs issu le cinéaste lui-même, Robert Zemeckis. Aussi son premier long métrage s’avère-t-il digne d’intérêt en ce qu’il retranscrit l’effervescence de la tournée américaine du groupe anglais avec un détachement qui lui permet de disséquer les phénomènes de masse ; dit autrement, la distance temporelle qui sépare les époques offre un prisme par lequel observer la distance géographique qui, au lieu de retrancher les cultures, rassemble une communauté de fans à travers le monde autour d’un même groupe d’idoles et de leur musique.
En sortant en 1978 aux États-Unis, I Wanna Hold Your Hand témoigne ainsi de l’atemporalité de l’icône qui continue de fasciner les âges, et que le cinéaste immortalise en ne la montrant que de façon détournée, ou par images interposées sur les écrans des téléviseurs. Ce qui était embûche, suite au refus des chanteurs de figurer dans le long métrage, mute en challenge narratif et esthétique. Nous retrouvons donc bien la ligne directrice du cinéma à venir de Zemeckis : un parti pris formel qui constitue un défi a priori impossible – comment réaliser un film concentré sur les Beatles sans les faire apparaître explicitement ? –, et que seules les trouvailles de mise en scène permettent de relever.
Son approche volontiers cartoonesque, pleine d’outrances et de caricatures, l’insère dans un sillon esthétique particulier, celui creusé par Steven Spielberg notamment qui sort quelques mois plus tard son 1941, et renouvelle également la représentation de ces mouvements de groupies survoltés en convertissant leur énergie en une dynamique interne. Une œuvre excessive, alerte et réussie.