Plébiscité par la critique en 2009 (91% sur RT), Crazy Heart marque le retour d'un Jeff Bridges au premier plan avec un rôle taillé pour lui. Celui de Bad Blake, chanteur de country itinérant et alcoolique notoire. Pour cette raison, le film verse à la fois dans le road movie et le film musical. Ce sont globalement les thèmes les plus intéressants du film, même si tout cela reste très classique. Qu'on aime ou pas la country, les passages qui touchent de près ou de loin le monde de la musique et de la scène sont ceux qui donnent lieu aux meilleures scènes d'un point de vue filmique. En dehors, la performance de Jeff Bridges est chirurgicale, il est en communion avec ce vieux rockeur blessé ; ce qui jure avec la médiocrité niaiseuse de Maggie Gyllenhaal... la romance étant globalement d'une grande platitude, elle fait office de parasite. Quant à la fameuse "rédemption", elle arrive peut-être un peu trop comme un cheveu sur la soupe : car la majorité du film est belle et bien consacrée à une lente descente aux enfers, déjà amorcée avant le début de l'histoire s'il en est. Autant, le quotidien névrosé d'un alcoolique est très bien narré, autant sa guérison en trois scènes de deux minutes fait vraiment tâche.
Bref, les paroles de la chanson qui sert de titre au film nous parlent d'un "Cœur déchaîné", alors qu'il manque au final d'audace et de surprise. Ses qualités ont en réalité été diluées dans des arcs narratifs banals et inintéressants. Dommage pour le manque de concision donc, il n'en reste pas moins un film plaisant et globalement bien interprété et filmé.