Critique de Crazy Horse par kaphee
Pragmatique, adj : attitude d'une personne qui ne se soucie que d'efficacité. Et tenter au maximum de ne jamais avoir à se compliquer la vie.
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le 2 déc. 2011
Après la Comédie Française (La Comédie-Française ou l'Amour joué - 1996) & l'Opéra Garnier (La Danse : Le Ballet de l'Opéra de Paris - 2009), le documentariste Frederick Wiseman s’intéresse à une troisième institution de la « Ville Lumière », à savoir le Crazy Horse, le célèbre cabaret parisien situé dans le très huppé 8ème arrondissement, avenue George-V.
Fondé en 1951, le lieu mêle le strip-tease & l’érotisme de façon très sophistiquée, rien à voir avec un banal club de strip du quartier Pigalle. Pour cette immersion, le réalisateur a posé sa caméra au sein de l’institution courant 2009 et nous fait découvrir les coulisses de « Désirs », le nouveau spectacle qui sera inauguré en septembre de la même année.
Une plongée fascinante dans un milieu que l’on pense à première vue réservé aux touristes japonais (à l’image du Moulin Rouge), alors qu’en réalité, il n’en est rien. Il suffit de franchir le pas de la porte pour y découvrir un univers feutré où l'art du nu est à son paroxysme. Les couleurs chatoyantes, les strass et les paillettes, les danses dévêtues (parfois, totalement nues) s’adonnent à des pas de danses non pas lascives mais qui invitent au voyage et à se laisser prendre au jeu.
Comme à son habitude, Wiseman filme tout et nous entraîne dans les coulisses du cabaret. Des réunions avec Philippe Decouflé (le metteur en scène & chorégraphe) aux répétitions avec Ali Mahdavi (le directeur artistique), des essayages avec Fifi Chachnil (la costumière) en passant par les loges des artistes, jusqu’aux représentations publiques et même aux auditions. On y découvre tout ce petit monde qui fourmille en coulisse pour mener à bien chaque show. Aussi bien les barmans qui préparent les sauts à Champagne que les photographes venus immortaliser les clients d’un soir, aux danseurs de claquettes qui servent d’interlude entre chaque tableau.
Non seulement l’institution finit par (presque) ne plus avoir de secret pour nous, mais le documentaire nous permet aussi d’apprécier la revue « Désirs » dans ses moindres détails, d’ailleurs, on aura une grande préférence pour le tableau « Rougir de désir », qui, à l’aide de capteurs sur la danseuse, crée derrière elle des nuées de lumières qui s’estompent au fur et à mesure de ses mouvements. On appréciera aussi le tableau « Chuchotements » où les filles s’effeuillent en ombres chinoises, sans oublier « Spoutnik » qui rappelle certaines Séries B Sci-Fi des années 50 & 60.
Entre les soucis techniques et les chorégraphies à retravailler, on n’en perd pas une miette. Les Jeux d'ombres, de lumières, de miroirs et de surimpressions s’enchainent sans discontinue pendant 2h. Le film s’ouvrait sur un jeu d’ombres chinoises et se clôt merveilleusement bien de la même manière grâce aux talents de Philippe Beau, un performer & "ombromane" qui a été conseiller artistique sur la revue. A noter enfin, la présence de Philippe Katerine, qui a composé « Désir », la mélodie finale de la revue.
(critique rédigée en 2011, réactualisée en 2021)
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➽ Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »
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Créée
le 14 oct. 2011
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