Un coup de coeur bien subjectif pour cette parodie de films d'espionnage et surtout de son espion ici au visage poupin mais adulé de toutes les femmes, dit-on, à la larme facile et au cœur d'artichaut, secondé par un Q aux trouvailles inutiles mais parfois pratiques, qui aura découvert le chewing-gum et ses nombreuses qualités, détournera l'utilisation pourtant efficace d'un révolver et lui procurera de quoi satisfaire son hygiène lors de ses multiples déplacements.
Moins percutant que Le bon la brute et le cinglé, parodie sortie la même année, les scènes westerns et la musique presque à l'identique y feront penser (ou bien est-ce le contraire, les deux films étant sortis en Corée à 1 mois d'intervalle), sans avoir la créativité de Kim Jee Woon, ses personnages décalés et ses situations, toutes, jubilatoires. On joue de saynettes plus débiles les unes que les autres avec des passages à vide. Entre histoire d'amour déçue, bâton dans les roues, crises de nerfs, et perte de mémoire, ce seront des combats pour celui qui saura le mieux danser, les roulés-boulés et autres tatanes peu efficaces qui pourtant verront notre imperturbable agent Lee, se défaire de ses attaquants, le regard aidant. On remarque quand même quelques sauts prodigieux...mais le bêtisier final nous montrera la technique pour le moins aléatoire de Lim Won Hee et si ce n'est notre enthousiasme revu à la baisse on en rira bien volontiers...
Mais voilà qui confirme bien le talent de Ryoo Seung-Wan alors âgé de 35 ans et déjà plein d'entrain et de belles idées de mise en scène. Cela donne envie de voir un peu l'étendue de sa filmographie aux genres divers et variés, même si on remarque le point commun d'une virtuosité de la caméra, lors d'actions rapides et efficaces donnant le tournis et sans défaut sur la lisibilité. On reste concentré sur celle de la coupe des bûches de bois, le sourire aux lèvres et on prend avec grand plaisir celle de la fusillade tout aussi enlevée, nous confirmant si besoin était de toute la ruse dont peut faire preuve notre agent rapide comme l'éclair.
Sans vrai scénario, l'exercice n'a pas d'autre vocation que de taper sur les personnages récurrents de l'espionnage, accentuant leurs traits de caractère. L'humour ne fait pas toujours mouche même si l'absurde de certaines situations fait sourire alors que certaines scènes sont dans la limite du mauvais goût. Mais on se moque des chinois, des japonais, de leur langages et de l'imagerie de la trahison, aussi bien que de ces supers agents aux multiples compétences, où le sourire charmeur et ici remplacé par le rire satisfait, appuyé et guttural pour bien enfoncer le clou. On se régale aussi des actrices excellentes de minauderie qui contribuent encore à se moquer de la séductrice moyenne et de ses tics avec notre super agente, Mireille, dont on croirait reconnaître physiquement notre Mireille Mathieu nationale, coupe au bol à l'appui.
On pensera au décalé de Rowan Atkinson, plutôt qu'au stoicisme d'un Colin Firth dans Kingsman.