Pour tout vous avouer, je me suis abonné un mois à la plateforme de SVOD chinoise iQiYi juste pour pouvoir voir le dernier Herman Yau, Raid on the Lethal Zone, dont je vous ai parlé récemment. Et quitte à être abonné, autant en profiter pour regarder d’autres DTV chinois présents dessus. Comme je vous le dis assez souvent, c’est malgré tout un peu le bordel pour s’y retrouver, bien qu’il est possible malgré tout de trier par genre. Mais comme souvent les jaquettes sont interchangeables (parfois les films également), j’ai décidé de faire confiance aux copains qui eux aussi ont un abonnement iQiYi et qui ont commencé à en explorer le catalogue. C’est donc suite à la vidéo, et son avis extrêmement positif, de notre ancien chroniqueur Jonathan-Asia sur Lethal Crazy Flower que j’ai décidé de tenter ma chance. Et puis, bon, 1h20, c’est vite vu dans le pire des cas. Et force est de constater que, effectivement, Lethal Crazy Flower est un sacré bon petit divertissement et, comme Jonathan-Asia, il rentre facile dans le top des DTV chinois que j’ai pu voir depuis que j’ai décidé de me perdre dans cette jungle.


Lethal Crazy Flower commence sur les chapeaux de roue avec une excellente scène d’introduction, intense, tendue, nous montrant une tentative d’assassinat qui dégénère et qui va bien représenter cette fameuse règle officieuse des 6 minutes des films de plateformes de SVOD chinoises. Pour rappel, avec le nombre de plateformes existantes et le grand nombre de films / séries sur chacune d’entre elles, il est nécessaire pour tous ces films d’accrocher d’entrée de jeu pour ne pas que le spectateur ait envie de zapper, de passer à un autre film. Souvent, une des meilleures scènes des films est justement cette scène d’introduction, quitte à ce que parfois le reste du film soit en deçà. Mais dans Lethal Crazy Flower, dès que l’action reprend ses droits, le niveau est toujours très bon. On a droit à trois grosses scènes d’action : une en introduction, une en milieu de film, et une pour le final, ainsi que quelques petites scènes rapides parsemées ci et là. Et c’est aussi tendu et intense qu’en introduction, avec beaucoup d’impacts de balles sanguinolents, des explosions, et des acteurs qui donnent de leur personne. La mise en scène de ces scènes, mais de son ensemble également, est réussie : caméra portée, steadycam, plans grue, travellings, et bien que cela ne soit pas aussi soigné que le coréen Assassination (2015) dont il est quelque part un remake déguisé tant certaines scènes sont similaires, Lethal Crazy Flower tient quand même sacrément bien la route. On sent cette envie des deux réalisateurs pourtant novices (c’est leur premier film, bien que l’un d’eux soit dans le milieu depuis quelques années en tant que scénariste) d’en donner aux spectateurs pour leur argent et, quelque part, c’est très louable. C’est rythmé, énergique, tout le superflu a été enlevé pour ne garder que l’essentiel.


Comme souvent, c’est visuellement soigné. La photographie est travaillée, tantôt plein de couleurs, tantôt presque noir et blanc (les scènes sous la neige dans le premier acte). Les décors et les costumes sont beaux, la reconstitution réussie, arrivant à nous faire oublier qu’une grosse partie du tournage a été faite en studio. Nous ne sommes pas non plus dans quelque chose de grandiose, le budget du film qu’on devine mince ne permettant pas cela, mais qu’importe quand ce qu’on voit à l’écran est parfaitement crédible, d’autant plus que l’utilisation des CGI a été réduite au minimum syndical. Le casting est lui aussi très crédible. Les acteurs sont charismatiques et plutôt crédibles dans leurs rôles. Luo Li-Qun, vu dans le très sympathique actionner Ace Bodyguard et présent dans 3 à 4 DTV par an depuis bien 10 ans, nous offre une performance sincère et arrive à faire ressortir toute la sagesse de son personnage malgré son tempérament vif. La jeune Han Le-Yao se voit offrir un double rôle, des sœurs jumelles aux personnalités très différentes, souvent un défi pour les acteurs mais qu’elle arrive à relever avec brio bien qu’on la sente un peu plus hésitante dans les scènes où ses deux personnages sont à l’écran. On s’attache à leurs personnages car bien qu’ils ne soient pas forcément très développés, ils sont bien caractérisés. Mais il faut quand même signaler les quelques tares de Lethal Crazy Flower en particulier les incohérences et les facilités de son scénario qu’on voit certes dans pas mal d’autres films (et pas que des DTV chinois) mais qui sont une fois de plus bien présentes. Le hasard fait un peu trop bien des choses, avec des personnages qui sont toujours là au moment où il faut. On pourra également pester sur le fait que les deux jumelles qui ne se sont pas vues depuis de nombreuses années, arborent exactement la même coiffure et le même maquillage (pratique pour se faire passer l’une pour l’autre). Ou encore ce twist final un peu too much qui part vers l’un peu trop tragique histoire de faire pleurer dans les chaumières.


Lethal Crazy Flower est un sacré bon divertissement et il est la raison pour laquelle de valeureux aventuriers cinéphiles/phages un peu fous se lancent dans les méandres de ces plateformes de SVOD chinoises à la recherche de petites pépites.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-lethal-crazy-flower-de-yuan-guang-an-et-sun-tian-he-2023/

cherycok
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le 2 nov. 2023

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