Sorti huit ans après le succès Un Poisson nommé Wanda, Créatures Féroces s’entoure de la même équipe de comédiens dans ce qui pourrait constituer une déclinaison du film original, non pas une suite mais l’extension du petit univers du Poisson avec, en thème commun, l’animalité. Nous passons du poisson aux créatures, de l’aquarium du bègue au parc zoologique en plein bouleversement, menacé de fermeture par la multinationale qui les finance. Le film de 1997 suit donc une logique d’amplification, quitte la sphère du vol de bijouterie pour toucher au capital d’une entreprise millionnaire, promet ainsi un spectacle burlesque à l’intensité décuplée. Promesse non tenue.


Car le spectateur se rend vite à l’évidence : cette comédie n’est pas à la hauteur du long métrage de Charles Crichton. Créatures Féroces révèle donc sans le vouloir ce qui faisait la qualité comique du film de 1989 : une écriture ciselée qui ménageait ses retournements de situation avec talent, abordait ses dialogues comme des salves de balles tirées par une arme à feu. Le film Fred Schepisi et Robert Young mélange vitesse et précipitation, expédie la mise en place de ses enjeux en introduisant des personnages qui sont des caricatures d’eux-mêmes, reproduit une mécanique burlesque sans jamais la réviser à la lumière du nouveau récit.


Se forment deux camps, séparés par la construction diégétique : l’espace du zoo est le plus intéressant, et le conflit qui mûrit entre l’irrésistible John Cleese et le personnel du parc réserve son lot de trouvailles ; l’espace bureaucratique, peu drôle au demeurant, dans lequel s’assemble le duo formé par Jamie Lee Curtis et Kevin Kline, un duo qui pose problème parce que le personnage de Willa Weston n’a aucune profondeur, n’est caractérisée que par son potentiel sexuel. La réunion des comédiens réjouit, oui, mais n’embarque plus comme avant. Michael Palin se tient en retrait, ne bénéficie pas d’une présence suffisante à l’écran, quoique son personnage soit fort drôle.


Il faut donc attendre une bonne trentaine de minutes avant de véritablement se régaler, sur un film d’une durée inférieure à une heure et demie. Car une fois rassemblés, les quatre acteurs font des étincelles. À noter la belle partition musicale de Jerry Goldsmith, qui est un habitué des réalisations de Fred Schepisi (La Maison Russie, Mr. Baseball). Raisons suffisantes à la redécouverte de Créatures Féroces, inférieur à son aîné, certes, mais doté d’un humour ravageur et d’une bonne humeur contagieuse dont nous aurions tort de nous priver.

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le 4 avr. 2020

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