Il faut porter au crédit du jeune cinéma fantastique britannique, dont "Creep" est devenu, avec "The Descent", l'un des films étendards, un véritable sérieux dans l'angoisse et l'horreur, et une indéniable ambition de "faire du cinéma" et non des produits pour adolescents (ce qui a tué le cinéma de genre hollywoodien). Le choix du réalisme et le refus des effets-choc faciles, sans parler de la volonté de préserver certaines zones d'ombre du récit, font de "Creep" un film très honorable. Malheureusement, Christopher Smith n'arrive pas non plus à décoller de l'horreur finalement assez convenue de son scénario (depuis "Massacre à la Tronçonneuse", rien de nouveau dans ces histoires de dégénérés cannibales), et on regrette d'autant plus qu'il n'ait pas eu le talent de tirer plus (d'angoisse, de beauté, d'étrangeté) de la topographie de ces couloirs de métro, dont on pressent par moments qu'un vrai réalisateur aurait pu faire un grand film mental. Mais la dernière scène, au petit matin, est remarquable.
[Critique écrite en 2006]