D'une certaine manière, ce film n'est pas sans rappeler "The Strangers", le thriller coréen de Na Hong-Jin. Cette même façon de faire cohabiter les registres de l’horrifique et de l'humour noir, sans que ce dernier ne prenne jamais le pas sur le premier, là où le cinéma occidental pour un même mélange des genres verse trop facilement dans le ton parodique.
Ici, ce n'est nullement le cas. Creepy remplit honorablement le cahier des charges du film d'horreur.
D'abord par un scénario habilement déroulé : un flic démissionnaire, Takakura, s'installe avec son épouse dans un quartier tranquille d'une grande ville où il est devenu chargé de cours en criminologie à l'université. Première intervention auprès de ses étudiants : "les stats concernant les serial killers ne servent à rien puisqu'une partie d'entre eux agissent de manière totalement imprévisible et échappent à toute tentative de typologie". Et de fait, la suite va lui donner raison.
Mais le réalisateur va d'abord s'attarder sur Yasuko, la femme de Takakura. Femme au foyer, sans enfant, sa vie semble essentiellement consacrée à la tenue de sa petite maison et du repas de son mari. Elle joue ce rôle sans rechigner mais il apparait rapidement qu'elle souhaite remédier à la solitude et l'ennui qui dominent sa vie. Et le salut peut en l’occurrence passer par un voisinage à conquérir.


Elle ne sera pas au bout de ses peines !


Kyyoshi Kurosawa semble ainsi avoir trouvé la matière à son histoire : la difficulté de communiquer et le jeu des apparences. Deux axes pour interroger le fonctionnement de la société japonaise.
Ainsi, ce voisin qui a une sale gueule n'est assurément pas un type fréquentable : premier jugement sur les apparences. En même temps, n'est-il pas au dessus de tout soupçon puisqu'il laisse sa place à des vieux dans le métro et ne réprimande pas les gosses qui le bousculent ? : deuxième jugement arbitraire.
La mise en scène, surtout dans la première heure du film, compose avec ce jeu des apparences. Elle prend son temps, joue avec les personnages et surtout avec le fait que le méchant n'est jamais vraiment actif contrairement à la plupart des affreux que l'on a pu croiser au cinéma. Ici au contraire c'est avec un certain raffinement dans le sadisme que Kurosawa s'amuse à nous montrer comment la jeune épouse en manque de relation humaine va elle même se jeter dans la gueule du loup.
Le film pourrait être très bon, sauf que la deuxième heure change de registre. La nature des personnages s'est fait jour, leurs secrets aussi (la tanière du méchant n'a rien à envier à celle du du Silence des agneaux ou de Seven) et la tension baisse paradoxalement d'un ton alors même que les menaces se sont faites plus précises. Il n'y a plus de mystère, juste un méchant à affronter. Cette deuxième partie m'a paru moins intéressante tant du point de vue de l'histoire que de la mise en scène.
Un film qui dit plus de choses qu'un simple thriller mais qui n'a pas non plus la force des films des maitres du genre.
Une curiosité pour le moins.


Scénario / Histoire : 7/10
Personnages/interprétation : 7/10
Mise en scène / Réalisation : 8/10


7/10

Theloma
7
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le 21 juin 2017

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Theloma

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