Réalisateur des plus prolifique ce n'est pas moins de quatre films de Jess Franco qui sortent sur les écrans 1971, presque une petite année pour le réalisateur espagnol quand on regarde sa filmographie et que l'on constate ahuri qu'en 1973 par exemple ce sont carrément douze films signés Franco qui sortiront au cinéma. Mais revenons à cette année 1971 ou en plus de Vampyros Lesbos sort donc Crimes dans l'Extase un thriller horrifique teinté d'érotisme.
Crimes dans l'Extase nous raconte une assez banale histoire de vengeance, celle d'une jeune femme devenue veuve depuis le suicide de son mari lequel n'a pas supporté que ses travaux médicaux soient rejetés, moqués et critiqués par un petit groupe de pontes de la science. La belle Mme Johnson entreprend donc, telle une veuve noire de tous les tuer après les avoir séduit de ses charmes.
Sans être extraordinaire Crimes dans l'Extase est un bon petit thriller érotique porté par la charmante présence de la comédienne Soledad Miranda. Une fois l'exposition et les enjeux mis en place, le film nous invite à un singulier ballet de séduction et de mise à mort qui surviennent le plus souvent durant l'acte sexuel (D’où le titre du film). Même si les responsables à punir sont peu nombreux, la mécanique du film pouvait vite sembler répétitive et artificielle mais Jess Franco parvient à se renouveler pour nous proposer un film plutôt efficace et jamais ennuyeux . Si les premières victimes se font avoir par innocence à l'image du vieux professeur Johnathan Walker (Howard Vernon fidèle complice de Franco) ou de la sculpturale Dr Crawford interprété par Ewa Strömberg prétexte à une séquence lesbienne, les autres se feront bien plus réticents à séduire lorsqu'ils comprendront qu'ils sont sur la kill list de la veuve pas très joyeuse. Cela permet à Jess Franco de nous offrir une formidable petite scène durant laquelle Soledad Miranda tous charmes dehors invite sa future victime à la rejoindre dans son lit alors qu'il est pleinement conscient qu'il y risque sa vie, le désir de la chair plus fort que la crainte de la mort s'installe alors dans un fascinant jeu de charmes et de sensualité entre Éros et Thanatos. Le film flirte aussi avec le spectre la nécrophilie notre veuve inconsolable conservant son mari décédé pour venir se blottir amoureusement contre son corps, car c'est bien de chaleur humaine, de tendresse et de sexe dont manque la douce Mme Johnson au point de s'acharner sur les sexes de ses victimes comme symbole de la passion charnelle qu'elle a perdue.
On notera aussi que si Jess Franco a l'habitude d'apparaître en tant qu'acteur dans ces propres films et ceci dans des rôles plus ou moins importants , il incarne ici l'un des personnages principaux du film et se réserve symboliquement le sort d'être l'ultime victime de sa création. On retrouve aussi dans le film le comédien Horst Tappert dans le rôle d'un commissaire aussi dynamique et enthousiaste que son personnage emblématique et léthargique de L'Inspecteur Derrick. Comme presque toujours chez Franco le film n'est pas extraordinaire mais il comporte bien assez de petits éléments éparses pour satisfaire la curiosité des cinéphages déviants et fascinés par les liens étranges entre l'amour et la mort, la séduction et la violence. Outre sa plaisante musique jazzy groovy , le film mérite d'être vu ne serait ce que pour la présence et le charisme de Soledad Miranda, muse de Franco de l'époque, morte prématurément à 27 ans et qui hante merveilleusement le film de son charme venimeux de veuve noire.
Même si il manque un peu de suspens et d'impact dans ses débordements horrifiques Crimes dans L'Extase reste un agréable petit thriller érotique.