Dans le genre petite référence en devenir du film de braquage bourrin, "Criminal Squad" place toutes les chances de son côté pendant les deux tiers de sa durée avant de sombrer...
Ne s'embarrassant d'aucune subtilité, le film dresse l'un contre l'autre une bande de flics aux manières peu orthodoxes contre des braqueurs particulièrement roublards. À la tête de chacune des forces en présence, d'un côté, Gerard Butler en très grande forme dans son rôle habituel de... ben... Gerard Butler version policier archarné, rempli de vices mais au coeur tendre comme un chamallow quand il s'agit de ses choupinettes de filles, de l'autre, un tout aussi charismatique Pablo Schreiber en malfaiteur aux ambitions démesurées et à la tête d'un joli groupe de "gueules" prêtes à braquer tout ce qui bouge (même 50 Cent n'est pas mauvais, c'est dire, mention spéciale à sa scène en famille). Le film n'est jamais meilleur que lorsqu'il fait monter la sauce entre ces deux-là à distance et aussi physiquement le temps de deux excellentes séquences muettes (le stand de tir et la rencontre "impromptue") mais il n'oublie pas non plus de rajouter quelques enjeux secondaires dont certains seront amenés à jouer un rôle crucial dans toute cette affaire (on citera la crise familiale de Gégé Butler, classique mais le bonhomme donne de sa personne avec son show génial pendant la scène de la signature, ou le destin du "chauffeur" pris en tenaille entre la police et ses complices). "Criminal Squad" fait extrêmement bien son job et nous fait saliver avec les préparatifs du braquage annoncé comme ultime et plus dingo de tous les temps (les types veulent quand même prendre d'assaut la réserve fédérale, ça ne rigole pas !) mais lorsque celui-ci arrive à son exécution, on en tombe presque de notre chaise : une cascade de facilités se met à déferler devant nous sans qu'on ne comprenne trop pourquoi. Toute la complexité des plans de ces braqueurs que le film avait brillamment mis en relief vole en éclats : des flics expérimentés qui se font avoir comme des bleus (la bande à Gégé n'est vraiment pas très futée sur ce coup), des conduits d'aération placés de manière bien pratique, des gardiens qui ne se posent pas trop de questions, une surveillance qu'on nous avait présenté insurmontable et qui se réduit en fait à pas grand chose... Bref, "Criminal Squad" perd à cet instant toute sa crédibilité et tous les espoirs qu'on avait mis en lui. Même la fusillade finale, un brin longuette, ne comblera plus nos attentes à ce stade.
Seule une révélation finale (plutôt bien vue) nous rappellera qu'on était malgré tout dans un film d'action bourrin un peu plus astucieux que la moyenne et doté de certaines qualités, la première d'entre elles se nommant Gérard Butler qui a l'air d'avoir parfaitement conscience qu'on lui offre ici une des plus belles opportunités de faire ce qu'il sait faire de mieux : du... ben... Gerard Butler pur jus. Et c'est une raison bien suffisante pour qu'on s'y arrête.