Nous y sommes ! Critters 2 est un vrai bonheur de cinéma, un petit film sans autre prétention que de divertir – ce qu’il réussit amplement – mais qui considère le divertissement avec implication et vision d’ensemble. Cette suite s’avère beaucoup plus efficace et cohérente que ne l’était le premier volet : l’histoire est moins tirée par les cheveux, le burlesque très bien travaillé grâce à de nombreuses trouvailles. Surtout, Critters 2 ose le gore et la violence, ce qui en fait un alter ego des fameux Gremlins certes moins original et talentueux (le plagiat n’est pas loin) mais doué d’un même sens du grotesque et de l’humour noir qui emporte l’adhésion. Car on rit beaucoup, ne serait-ce devant cette relecture de la fête de Pâques, devant les clins d’œil jamais trop appuyés à des classiques du cinéma d’horreur, Freddy et Shining en tête ; à noter d’ailleurs que le réalisateur, Mick Garris, réalisera par la suite Freddy's Nightmares, série inspirée du personnage de Wes Craven ainsi que la suite de Shining pour la télévision. Pas de hasard ! On ressent l’amour sale gosse du metteur en scène qui délivre ici des plans de toute beauté et vraiment inspirés que le budget limité n’étouffe guère. Critters 2 aime le cinéma de monstres et cela se ressent, offre au spectateur une œuvre jouissive aux retournements parfois surprenants – chose ô combien rare, le film ose jouer la carte de l’incohérent, notamment lorsque les sales bêtes rebroussent chemin pour finalement, sur ordre de leur chef, repartir vers l’usine – qui introduisent dans la dramaturgie un sentiment de hasard dont on ne peut qu’en féliciter la présence. Dans l’ombre de ses modèles, sans rien révolutionner, souffrant de plein de petits défauts, Critters 2 n’a toutefois pas à rougir car il trouve ici une âme et une puissance qui le consacrent aussitôt monstre de cinéma à part entière.