Je n'étais pas pressé de le voir celui-là, malgré les recommandations d'un ami. Faut dire que Mike Hodges n'a pas la carrière la plus brillante qui soit et surtout je garde en tête ma déception face à sa dernière collaboration avec Clive Owen, acteur que j'apprécie. Heureusement, les préjugés ne sont pas une science infaillible, et j'ai donc bien fait de me laisser tenter par ce film.
Le scénario présente un univers plutôt sympathique, sans fioriture. Le personnage principal, du genre sceptique, est également intéressant à suivre, et plutôt bien exploité au travers des situations mises en place. Il manque peut-être des personnages secondaires un peu plus forts, qui prennent un peu plus de place, qui soient mieux caractérisés, mais leurs apparitions restent suffisamment bien orchestrées pour les rendre vivants et répondre ainsi au héros. L'intrigue est sympa aussi, globalement, on est face à une sorte de film noir, mais sans grands éclats. La fin m'a un peu déçu, j'avoue, j'aurais aimé quelque chose d'un peu moins réaliste et de plus crédible.
La mise en scène est impeccable. Sauf peut-être pour la première scène au téléphone. On sent bien que les deux acteurs ne se parlent pas réellement, il n'y a pas d'échange d'énergie. Parce que deux acteurs qui se répondent, il faut voir ça comme deux personnes qui se lancent un ballon : il y a celui qui lance d'une certaine manière et l'autre qui doit suivre en rattrapant, puis en renvoyant, et ainsi de suite. La balle, c'est l'énergie. Ici, au cours de la conversation, on sent que l'un monte, l'autre répond sans être aussi haut. Il n'y a pas d'adaptation à l'autre. Si le réalisateur les a fait converser réellement, alors c'est encore plus dommage, car l'échange est bien trop faible pour être plaisant.
Pour le reste, c'est filmé sobrement, avec un cut incisif, un découpage millimétré, bien pensé, laissant passer les idées avec une limpidité exemplaire. La photographie est plaisante au niveau des cadrages et parfois de la lumière qui rappelle bien le monde de la nuit, les sous-sol etc. Les décors sont assez riches et bien exploités. Le travail du son est efficace, met bien dans l'ambiance des casinos et amène parfois des informations utiles, ce qui permet au réalisateur de ne pas perdre de temps avec sa caméra. Enfin, les acteurs sont assez bons. Owen, surtout, impérial, avec son regard perçant et un apprentissage bluffant des techniques de croupier. Mais n'oublions pas toutes ces jolies femmes qui rendent le film encore plus fascinant : l'on retiendra en particulier la plantureuse Alex Kingston, avec ses beaux seins et ses belles hanches plutôt larges !
Bref, "Croupier" est un film présentant un univers que je trouve trop délaissé dans le monde du cinéma (récemment, "The Gambler", un remake avec Markie Mark, m'a plutôt bien plu).