Dans le fanzinat et la presse cinématographique, on connaît bien la plume d'Alan Deprez. Une fois n'est pas coutume, Alan est passé avec Cruelle est la nuit de l'autre côté de l'écran. Il nous livre avec ce court, qu'on eût aimé bien plus long, un thriller politique, sucré à l'érotisme.
On sait que le plat pays est riche en réalisateurs de qualité et en jeunes pousses prometteuses. On pense notamment à l'excellent (Angle mort/Dode Hoek, 2017). Force est de reconnaître qu'avec son opus Alan vient de rejoindre le Hall of Fame, le panthéon des talents du cinéma belge. Car son court est de qualité. Serré comme on aime le noir sous mes latitudes, corsé comme on sait le déguster de LA à Naples, son film se consomme d'un trait. Véritable brûlot politique, thriller authentique, Cruelle est la nuit est haletant, violent et jouissif.
Contrairement à tant d'autres qui usent de l'érotisme pour attirer le chaland, Alan a su le mettre au service de l'intrigue. Imaginez la scène... Des activistes viennent faire la peau à un homme politique véreux. Or, ils arrivent en pleine partie fine... Cela donne lieu à des plans de toute beauté, avec une photo inspirée et un jeu sur les lumières et sur les matières.
Mais le réalisateur ne s'attarde pas sur les formes de ses actrices. Et le spectateur retrouve rapidement la zone de l'inconfort, à savoir un thriller, avec du sang, des coups, des blessures et des morts. Car ce court, sucré à l'érotisme, l'est aussi à l'hémoglobine. Autant dire qu'on en a pour son argent, suffisamment pour avoir envie de laisser un gros pourboire sur le zinc.
Mais le court-métrage est, comme son nom l'indique, court... c'est la force du format et sa faiblesse. On attend plus, on veut plus long, on désire plus grand.
Bref, bien cruelle est l'attente qui nous sépare de la future et prochaine réalisation d'Alan, dont on espère qu'il nous servira, sur le comptoir de sa carrière, un allongé !!