Scénariste français exilé aux États-Unis, Jean-Yves Pitoun s'était occupé dans les 80s des scripts d'Adorables Faussaires de Roger Vadim et du Complot avec Ed Harris et Christophe Lambert. Après un gros passage à vide, il retourne en France pour pondre son premier long-métrage, qu'il scénarise (forcément), une comédie culinaire où un jeune Américain fait ses preuves auprès d'un chef 4 étoiles caractériel qui risque la faillite.
L'Amerloque, c'est Jason Lee, échappé du View Askewniverse, qui se double lui-même en Français avec un accent à couper au couteau. Le chef Boyer, c'est Eddy Mitchell. On aime ou on aime pas mais le rockeur est quand même l'une des plus belles gueules du cinoche français et ce rôle de patron aussi dépressif que colérique lui sied à merveille. Pour accompagner ce tandem improbable : Irène Jacob, habituée à tourner aux States, Sylvie Loeillet et Laurent Gendron, le tout saupoudré d'un Michel Muller mémorable en inspecteur des impôts inopiné.
Si la gastronomie au cinéma n'est pas récente, Cuisine américaine arrive cependant à rendre sa petite péripétie bien amusante sans forcément tenter d'égaler des Grand Restaurant ou L'Aile ou la Cuisse pour ne citer qu'eux, préférant s'intéresser principalement aux techniques de l'ombre des grands restaurants en pimentant l'intrigue avec de petites romances de téléfilm, l'arrivée obligatoire de critiques gastronomiques mais aussi un mini-placement de tolérance anti-raciste forcé mais toutefois bienvenu.
Rien de vraiment dingue là-dedans mais force est de constater que Pitoun s'en sort plutôt bien, arrivant à rendre le tout très amusant avec quelques envolées visuelles (comme ce début en noir et blanc basculant de manière bien originale en couleurs), une poignée de répliques fulgurantes et la méga-prestance d'un Eddy Mitchell au diapason. Dommage pour ce redoublage intempestif en post-production visible comme le nez au milieu de la tronche. En somme, un Ratatouille avant l'heure, en moins réussi mais tout aussi intéressant pour les fans de films du genre.