Cutie Honey par 2goldfish

Réalisé par Hideaki Anno, le créateur d'Evangelion, Cutie Honey es un petit chef d'oeuvre largement méconnu et sous estimé.

A la base, il y a un manga de Go Nagai, papa entre autre de Goldorak, qui décidait de laisser libre court à sa libido, truffant son oeuvre de sous entendu lesbiens, de nudité gratuites et autres perversités pas du tout sous entendues (la méchante qui étrangle Honey avec ses seins, par exemple... ça pourrait être du Crumb).

Cutie Honey devait être un shojo (=pour les filles), à l'origine, mais un changement dans la grille de programmation du dessin animé l'a transformé en shonen (=pour les garçons), d'où ce mélange étonnant de magical girl, de violence et d'érotisme qui a rencontré un succès fou probablement lancé le Japon sur une pente culturelle très étrange vue de l'occident.

Hideaki Anno est un fan, évidement, parce qu'il fait partie de la génération d'otakus obsédé élevée au Go Nagai. Il rend donc un hommage un peu fou, qui filme en live ce qui n'a jamais été prévu pour, donnant une interprétation proche du sentai mais avec des effets spéciaux géniaux, utilisant la caméra numérique (encore un peu une nouveauté à l'époque) pour créer des effets "dessin animé" qui inspireront beaucoup les frères Wachovski sur Speed Racer.

Au final c'est à la fois un hommage nostalgique, un film d'action conscient de son ridicule mais qui ne vire jamais au parodique, s'étalant sur les degrés, le premier, le second et tous ceux que vous pouvez imaginer, comme s'ils n'existaient pas. Un bijou de couleurs pop, de fan service, d'action dingue, avec des acteurs cabotins et qui finit sur une fin étonnamment poétique, magnifique remake plus serein de celle d'Evangelion.

Bref, comme le dessin animé original brouillait les lignes entre perversité adulte et esthétique pour fillettes, ce film est un objet étrange, pas vraiment pour les enfants, pas vraiment pour les adultes, beau et ridicule, léger et grave, sérieux et stupide.