Le mangaka Go Nagai avait crée Cutie Honey en 1973, et ne se doutait sans doute pas de l'incroyable longévité de son personnage, alors qu'il n'a dessiné que deux volumes. On se rappelle du dessin animé, renommé Cherry Miel, lors de sa diffusion au Club Dorothée, la (formidable) série de 8 OAV dans les années 1990, la série Cutie Honey Flash réalisée dans la foulée de Sailor Moon, et pour finir par ce film live, ainsi que 3 OAV qui suivirent, RE : Cutie Honey.
Ici, c'est Hideaki Anno, qu'on connait aussi bien pour Nadia qu'Evangelion, ainsi que plus récemment Shin Godzilla qui s'y colle derrière la caméra, pour raconter l'histoire d'Honey Kisaragi, une employée de bureau qui peut se transformer en justicière afin d'affronter la bande de Panther Claw. Elle va être aidée par une détective et un journaliste.
Si le personnage du manga et du dessin animé reste fascinant, malgré la répétition des intrigues, montrant une image de femme forte, ça n'est pas vraiment le cas ici, où elle parait d'une profonde naïveté, à faire des sourires béats. C'est un peu le problème du film ; retranscrire des émotions, des gestes, des postures, qu'on ne peut avoir qu'en dessin ou en animation et qui, dans un film live, paraissent ridicules. Tout comme le look des monstres, qui renvoient à un Bioman de bas-étage ; sans doute un hommage d'Anno à un genre qu'il aime tant, le tokusatsu, mais qui est ridicule là aussi. C'est dommage, car certains choix de mise en scène sont parfois pertinents, comme faire de l'image par image pour simuler de la vitesse, ou quelques scènes, dont le générique, qui passent en animation. Mais ça ne compense pas la laideur atroce du film, qui semble non seulement filmé en video, mais où la moitié du temps passe en grand angle, donnant ces perspectives étranges comme si on filmait une bulle. Quand à filmer des endroits de Tokyo, pourquoi pas, mais alors comment expliquer ces scènes filmées dans les rues où il y a toujours des travaux, ou alors personne ?
Enfin, parlons un peu des acteurs, comme la pauvre Eriko Satô, affublée de perruques là aussi ridicules, filmée en permanence pour montrer sa culotte ou sa poitrine, bon encore, c'est dans le personnage, mais comment expliquer ses mimiques, son regard de poisson mort ou alors son manque total de jeu ? Enfin, il y a un personnage qui m'a fait beaucoup rire malgré lui, c'est le mystérieux journaliste joué par Jun Murakami, qui porte en permanence un béret avec une coupe de cheveux à la manga, qui ne passe pas non plus. On voit bien que parfois, quand il penche sa tête vers le bas, il tient son béret pour éviter que sa perruque tombe !
Si le résultat est donc consternant, il n'oublie pas malgré tout de contenter le fan de Cutie Honey, comme la reprise de la chanson du dessin animé de 1973, ainsi que quelques thèmes, et un cameo de son auteur, Go Nagai. Mais ça ne sauve pas la catastrophe qu'est ce film, et qui montre une fois encore qu'adapter un manga en live est quasiment mission impossible.