Cyborg 2
3.1
Cyborg 2

Film DTV (direct-to-video) de Michael Schroeder (1993)

La première fois n’est peut-être pas toujours la plus mémorable mais elle a au moins le mérite de nous mettre le pied à l’étrier. Angelina Jolie a beau être la fille de l’immense Jon Voight, son petit minois ne lui accorde aucun passe droit, et comme bon nombre d'actrice démarrant dans l’industrie, cette dernière a dût elle aussi faire tomber le haut dans une série B avant de pouvoir revêtir la panoplie de la célèbre aventurière Lara Croft même si le monde la connaît surtout pour le couple glamour qu’elle a formé avec Brad Pitt durant plus d’une décennie. Cyborg 2 Glass Shadow marque donc son entrée dans le monde du cinéma. Pour les profanes, il s’agit d’une séquelle au film d’Albert Pyun réalisé pour la Cannon, et qui avait connu un relatif succès d’estime sur le marché de la vidéo grâce à la présence de Jean Claude Van Damme dans le rôle principal. Néanmoins, le film souffrait globalement du remontage de sa star, mettant l’accent sur ses guerriers cabotins et combats incessants au grand dame de son réalisateur qui lui destinait un film plus posé où l’emphase aurait été mis d’avantage sur son atmosphère. C’est justement le parti que va choisir Michael Schroeder pour cette séquelle qui ne possède qu’un lien très étroit avec le premier, à peine esquissé par quelques flash-back sans intérêt.


L’histoire prend place en 2074 dans un contexte de guerre générique entre deux grosses corporations qui aimeraient bien s’octroyer le monopole du contrôle de fabrication des cyborgs. Ces êtres synthétique ont peu à peu remplacés les humains, que ce soit dans le domaine militaire ou celui des maisons closes. Bref, des milliards sont en jeu et la responsabilité est à mettre sur le dieu dollar. À toute fin utile, la Pinwheel Robotics a donc mis sur pied une invention breveté, le glass shadow, une substance explosive qu’elle compte bien injecter dans l’un de ses modèles pour envoyer le PDG de ses rivaux sur orbite. Mais le cyborg en question est aussi doté de sentiments et de conscience, et compte bien échapper à son sort en compagnie de son chef instructeur pour filer la parfaite idylle avec lui loin de l’enfer des hommes. L’introduction et son plan aérien montrant des colonnes industrielles crachant leur flamme dans le ciel évoque irrémédiablement Blade Runner tandis que la première cyborg que nous verrons à l’oeuvre sera dans le cadre d’une partie de jambe en l’air. Le conseil d’administration aurait pu choisir n’importe qu’elle autre démonstration pour montrer les talents et spécificités technique de leur création mais de la gym, des art martiaux, ou du secrétariat, on lui préférera de loin cette utilité pratique. On reste des hommes tout de même. Sinon hormis les seins juvéniles de Angelina Jolie que reste-il de Cyborg 2 distribué chez nous en catimini pour surfer sur la popularité grandissante de sa principale interprète ?


Et bien pas grand-chose, si ce n’est qu'il s’inscrit dans cette nouvelle vague de films cyberpunk qui commençait alors à montrer patte blanche à la suite des sorties d’Akira et Tetsuo. Pas de punk à chien à se mettre sous la dent, mais l’influence de la culture asiatique est bien présente tout comme certaines thématiques lié au transhumanisme. Billy Drago (Les Incorruptibles) compose un antagoniste maniéré et soucieux de conserver l’élasticité de sa peau immaculée. Elias Koteas (Crash) n’a peut-être pas les aptitudes de JCVD pour les coups de savates et les grand écarts, mais lui au moins s’est jouer devant une caméra. Toute notre sympathie se porte néanmoins sur Angelina Jolie qui appréciera d’ailleurs l’expérience (moins le visionnage…), et Jack Palance ne s’en tire pas trop mal non plus si on excepte le dernier quart d’heure lorsqu’il décide de sortir de son écran de télévision pour régler ses comptes avec la compagnie à grand renfort de rafales et d’explosions. Sur le plan technique, le film paraît néanmoins plus daté qu’il ne l’est même s’il convient de saluer la peinture de cette univers dystopique relevé par ses éclairages aux néons. Alors Cyborg 2 meilleur que l’original ? Et bien pas forcément, déjà parce que son histoire ne raconte finalement pas grand-chose de plus et si l’argument de la défense peut avancer le faible budget octroyé à cette série B (5,5 millions de dollars) et bien c’est tout de même 5 millions de plus que son prédécesseur si on écarte le recyclage des costumes à l’origine destiné à Spider-Man et Les Maîtres de l’univers 2. Mais le fait est que le père Pyun a toujours sût tirer son épingle du jeu avec peu de moyens, alternant les séquences d’action avec une ambiance onirique et soignée d’où une belle longévité dans le milieu comparé à son homologue Michael Schroder qui ne saura jamais tirer parti de cette cavale meurtrière pour insuffler une véritable tension et nous pondre autre chose qu’une fusillade oubliable dans un musée, et un combat mou du genou sur un chantier naval. D’ailleurs, si Cyborg est resté dans les annales autant pour ses qualités formelles que pour ses errements nanardesque (ses guerriers qui ne font rien qu’à brailler comme des ânes en se lattant les côtes), Cyborg 2 s’est rapidement effacé de la mémoire collective par son manque d’inventivité et de folie.


Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !

Le-Roy-du-Bis
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le 23 août 2024

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