Pas facile de réaliser une adaptation muette de Cyrano de Bergerac. On pourrait même se demander quel intérêt? Quel intérêt reste t-il sans la longue tirade du pic du cap et de la péninsule, ou sans l'hymne paillard des cadets de Gascogne?
Et puis en regardant ce film on se rend compte que Cyrano de Bergerac ce n'est pas seulement ça. C'est aussi la très belle histoire de cet amoureux discret qui s'efface devant l'idylle de sa dulcinée et de son fougueux acolyte. Un personnage d'une grande sensibilité magnifiquement interprété par Pierre Magnier.
Même si le cinéma de l'entre-deux guerre montre ses limites, notamment dans la séquence de la bataille d'Arras qui manque cruellement de crédibilité, Augusto Genina réalise une très bonne adaptation. Il parvient très bien a capter l'intensité dramatique, en particulier de la scène finale, qui a failli me faire verser une larme (mais je suis un dur à cuire).
Loin d'être la meilleure des très nombreuses adaptations du chef d'œuvre d'Edmond Rostand, celle-ci se défend tout de même pas trop mal. A moins d'être ultra-fan de Cyrano on peut se contenter de la version de Rappeneau.