Cyril & Louise
Cyril & Louise

Court-métrage de Alexandre Schild (2022)

L'irréversible légèreté de l'être

Commencer l'histoire à la fêlure, puis remonter le temps comme on curerait une plaie. Voilà la promesse de Cyril & Louise du suisse Alexandre Schild, présenté en novembre durant le 26ème festival international du court métrage de Winterthur.

Des images granuleuses, palpables, qui embrassent dans son montage antéchronologique une tranche de vie d'un couple, Cyril et Louise, dans une campagne genevoise figée par l'hiver. La cassure, d'abord. Ou ce qui en résulte. La solitude d'une virée en moto, glaciale jusque dans la teinte de l'image, crépusculaire. Et des mots qui s'impriment sur l'écran. Le dialogue intérieur d'un être dévasté par un chagrin d'amour, cette étrange maladie de l'âme qu'aucun diagnostic ne saura cerner.

Puis le court-métrage sautera de séquence en séquence, à l'instar d'un Irréversible, pour remonter la généalogie de cette rupture jusqu'à une fausse happy-end dont la joie, que l'on sait bientôt anéantie, ne rend que plus tragique.

Le choix de la pellicule donne corps au film, texture les visages parfois captés en très gros plan, et datent cette image qui n'est que le reflet d'un passé. Un passé si heureux et pourtant inaccessible, que l'on voudrait effacer, gratter jusqu'au vernis. Ou, comme le disait bien mieux Milan Kundera, "[...] le passé est plein de vie et son visage irrite, révolte, blesse, au point que nous voulons le détruire ou le repeindre. On ne veut être maître de l'avenir que pour pouvoir changer le passé".

Kundera qui comprendrait sans doute l'insoutenable légèreté des scènes d'amour entre Cyril et Louise face au poids du destin qui les attend.

Bref, résolument tragique, Cyril & Louise est un court maîtrisé, dont le dispositif filmique original se met au service de la dramaturgie du récit. Notons encore l'interprétation parfaite de Cyril Metzger (Une jeune fille qui va bien, L’événement) et de Mélodie Adda, ainsi qu'un score musical embrassant entièrement cette histoire dramatique. Bref, une belle augure pour la suite de la carrière du jeune suisse Alexandre Schild, dont on se réjouit déjà de découvrir les prochaines réalisations.

Mr_Wilkes
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le 11 nov. 2022

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