Sorti entre L'Homme au masque de fer et Pirates des Caraïbes, le tout avec un budget moindre, cette adaptation aussi libre que fantasque des "Trois Mousquetaires" loupe le coche à une époque où le film de cape et d'épée cherchait encore à faire son come-back. Dirigé par le touche-à-tout Peter Hyams, d'Artagnan reste aussi réussi par moments que foncièrement raté dans l'ensemble, aussi original dans l'esprit que passablement opportuniste dans la forme.
Cette relecture où le jeune Gascon doit sauver la Reine des griffes d'un homme de main teigneux en rejoignant avec fracas la troupe déchue des Mousquetaires peut se tarir d'être entrainante à défaut d'être sacrément farfelue, le scénariste Gene Quintano n'hésitant pas à contrebalancer son amas d'action avec des scénettes censément drôles mais qui ne marchent malheureusement jamais. Ajoutez à cela des personnages inconsistants, des acteurs au ras des pâquerettes (Catherine Deneuve qui cachetonne comme jaja, Stephen Rea qui s'emmerde comme un rat mort, Jean-Pierre Castaldi) et des dialogues cul-cul la praline et vous obtenez un sous-blockbuster.
Confiées à Xin-Xin Xiong, acteur fétiche de Tsui Hark, les cascades se veulent inédites au genre puisque le chorégraphe "s'inspire" du cinéma hongkongais pour proposer des relents de kung-fu au XVIIe siècle, plaisant ou pas à l'audimat, repompant par ailleurs sans vergogne le final de Il était une fois en Chine. Toutefois, il est sincère de saluer la mise en scène dynamique de Peter Hyams, brillant faiseur, qui nous garantit de l'action époustouflante, des plans incongrus et une certaine maestria dans la gestion de son espace, malheureusement haché menu par un montage précipité qui semble avoir été orchestré par des ronds-de-cuir incompétents.
Au final, sauvé par des séquences d'action réussies, une photographie éclatante et un Tim Roth démesuré, d'Artagnan reste une œuvre sympathiquement ratée qui ne mérite certainement pas le foin qui l'entoure et demeure en définitive un petit film d'action particulièrement divertissant.