Instantanément amoureux de Chantal Akerman et charmé par le language qu'elle développe. Ici l'émotion passe par l'authenticité permise par le dispositif mis en place qui laisse la totale liberté aux corps et aux objets (le documentaire par définition en soit mais j'ai pas l'habitude). La caméra externe filme en travelling arrière la route, et en travelling latéral les trottoirs taciturnes et peu , parfois désertes mais souvent animés et distraite par le passage de la caméra. Mais contrairement à elle qui n'est que de passages, les êtres anodins que l'on voit passer et disparaître errent tels des fantômes. Toutefois Akerman n'hésite aussi pas à créer une rupture avec ces lents travellings par des raccords secs et nets sur des plans fixes, eux plus intimistes, chaleureux et joyeux qui passe beaucoup par la musique. Ça contraste assez bien avec le l'atmosphère de la rue d'un ton plus monotone, où la population semble fatigués et à qui l'on a dérobé le sourire. Ces moments annoncent sans doute les prémices d'un territoire guérit, consolant ses peines et qui se réveillent enfin d'un mauvais cauchemar.