En 1963, Johnny Hallyday a 20 ans, Johnny Stark dirige sa carrière comme le colonel Parker dirigeait celle d'Elvis Presley, il est temps d'exploiter l'image de L'Idole des jeunes au cinéma. C'est déjà son quatrième film, mais c'est son premier vrai rôle important si on excepte les Diaboliques où il apparait enfant brièvement dans une cour d'école, et 2 bluettes, dont les Parisiennes où il rencontre Catherine Deneuve. Stark trouve la place que doit prendre Johnny dans le cinéma, et faute de devenir le James Dean français, il le dirige sur un cinéma "à la Presley", c'est à dire des films musicaux un peu insipides comme L'idole d'Acapulco ou Sous le ciel bleu d'Hawaï qui n'ont d'autre fonction que d'offrir à l'idole une vitrine promotionnelle.
Artistiquement, ce n'est pas l'idéal, mais D'où viens-tu Johnny ? n'est heureusement pas insipide, c'est une sorte de western camarguais, tourné aux Saintes-Maries-de-la-Mer, du cinéma populaire bon enfant avec la verve provençale en plus, Fernand Sardou, Henri Vilbert et Jean Franval jouant cette facette pour amuser le public.
Le prologue commence à Paris en noir & blanc pour symboliser la grisaille, avec André Pousse encore dans un rôle de truand combinard, puis arrive la couleur en Camargue, symbole de soleil, où le réalisateur réussit à divertir agréablement à partir d'un scénario léger. Mais avec quelques bonnes scènes, beaucoup de bonne humeur et bien sûr Johnny déjà grosse vedette, entouré de Sylvie Vartan qui fait une courte apparition, et de Jean-Jacques Debout qui lui écrit le tube "Pour moi la vie va commencer" que Johnny chante dans une séquence à cheval. Il chante 3 autres chansons : "A plein coeur", "Rien n'a changé" et "Ma guitare". Les musiques sont co-signées par Johnny et Eddie Vartan.
Le film est en quelque sorte un long scopitone publicitaire pour la Camargue, où l'on voit l'activité des gardians mener les manades de taureaux, et une séquence d'abrivado dans l'arène. Un chouette petit film calqué sur les films hollywoodiens d'Elvis, du sur mesure pour Johnny qui collait parfaitement à son image d'alors, tout comme le fera A tout casser en 1967, situé cette fois dans un milieu de motards.
Je viens de revoir ce film, et même si ce n'est pas un grand film, j'étais bien content de retrouver celui qui nous a si brutalement quitté le mois dernier, et dont je suis resté fan pendant 46 ans.