En ce mercredi assez pauvre en sorties stimulantes, l'affiche D'une pierre deux coups m'interpelle. Des femmes et des hommes sont tout sourire et semble vouloir nous faire partager leur joie. C'est donc avec plaisir que je me rends dans la salle, pour passer un moment de légèreté qui se marie à merveille avec la douceur actuelle.


Affiche trompeuse. Cela me pose un problème quand on essaye de me faire croire que c'est une comédie, alors que c'est surtout un drame. De plus, l'héroïne du film se retrouve reléguée tout en bas sur un banc, alors que sans sa présence le film devient insignifiant. Cette tentative pour rameuter le public est assez déplorable, enfin bref....


Milouda Chaqiq illumine cette comédie dramatique, par la grâce de ses expressions et de l'intensité de son regard. Elle vit seule dans une cité dont elle ne sort pratiquement pas. Sa vie semble lui convenir, jusqu'au jour où une lettre lui annonçant un décès va la ramener à son passé. Son absence va chambouler la vie de ses filles et fils, qui passent leurs temps à la solliciter pour la cuisine, la lessive, le baby-sitting, etc.... Ils ont oublié qu'avant d'être une mère, c'est aussi une femme.


La réalisatrice Fejria Deliba; dont c'est le premier film; s'inspire en partie de l'histoire de sa mère pour raconter cette histoire. Une femme analphabète, dépendante de ses enfants, des voisins et de son amie Amel Brehli (Brigitte Roüan). Du moins en apparence. Elle n'attend pas après eux et se débrouille, tout en leur laissant croire le contraire. Sous sa douce apparence, se cache une femme forte portant en elle un lourd secret.


Un drame où le sourire se fait parfois ressentir à travers les expressions et le tutoiement de cette femme de caractère. C'est le premier rôle de Milouda Chaqiq, son naturel fait des merveilles et donne souvent l'impression d'être dans l'improvisation. On s'attache facilement à cette femme et on va l'accompagner avec plaisir dans son road-movie. A l'inverse, on n'est pas vraiment enthousiaste face à la réunion de ses enfants dans son appartement. On retrouve des gueules connues, comme Zinedine Soualem et Slimane Dazi, mais aussi des moins connues tel Linda Prevot Chaïb et Farida Ouchani. La sauce ne prend pas entre eux, tant ils donnent l'impression d'être des étrangers pour chacun. C'est voulu, mais ça alourdit le film et certains se révèlent pénibles dans leur jeu.


Le film n'est pas à prendre à la légère. Il aborde les rapports entre l'Algérie et la France, avec sa colonisation et ses conséquences. La blessure est toujours profonde et vu l'état de la France actuelle à cause de nos chers politiciens, elle n'est pas prête de se refermer. A voir pour Milouda Chaqiq, dont la prestation sauve le film du profond ennui.

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le 21 avr. 2016

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Laurent Doe

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