D-War, mauvais film ? Cela va sans dire. Servie par des acteurs exécrables, cette relecture dégradante de l’une des légendes de la culture coréenne n’envisage les dragons que par le prisme du spectaculaire et échoue à leur conférer une identité, une âme, une fragilité – et la larme dernière n’y changera rien. D’autant que son scénario tombe dans le ridicule dès les premières minutes. Toutefois, deux qualités émergent de ce corps déformé : d’une part la partition musicale que signe Steve Jablonsky, forte d’un thème principal splendide capable d’infuser l’épique et la grâce dans une bouillie de plans mal montés et à l’articulation difficilement lisible ; d’autre part, deux séquences qui imposent une certaine vision du gigantisme, celle d’abord du monstre enroulé autour de la tour et luttant contre des hélicoptères hostiles, celle qui vient clore le long métrage, proche du cauchemar éveillé avec ses visions apocalyptiques et son merveilleux hors de tout entendement. C’est comme si le film, lors de ces deux séquences, quittait le nanar/navet pour élaborer malgré lui un tissu mythique où différents fils impropres se croisent et se resserrent : références historiques, technologie de pointe, décor urbain, effets visuels plutôt corrects compte tenu de la date de réalisation, au service de l’action la plus blockbuster qui soit. Deux séquences, une partition musicale qui sauvent D-War du naufrage intégral, mais qui ne sauraient excuser ni pallier sa médiocrité congénitale.