Je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous une critique publiée le 29 septembre 2006 par un certain Musashi-91 sur Allociné.



J'ai passé un moment très agréable avec ce film. Ce sont 2h30 qui sont passé sans que je m'en rende compte. J'ai eu la chance de le voir en VOST. Ainsi j'ai pu profiter pleinement du jeu des acteurs. J'ai été particulièrement époustouflé par Audrey Tautou qui m'avait habitué à des rôles mièvres. La réalisation de Ron Howard était sans fautes. Au final, ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais on passe un bon moment.



Du haut de mes 15 ans, je faisais mes premiers pas dans le monde impitoyable de la critique en ligne, armé de mon grand bagage cinéphilique. Par exemple, comme vous pouvez le voir, j'étais déjà expert dans la filmographie d'Audrey Tautou, puisque je l'avais vue dans Amélie Poulain et dans Le fabuleux destin, et sûrement dans Amélie aussi. D'où cet avis bien tranché sur son jeu notoirement mièvre. Quand j'y pense, qu'aurait dit l'ado que j'étais, de l'adulte que je suis devenu et qui peut pleurer devant Emilia Clarke dans Après toi ? Vous avez raison, n'y pensons pas.


Miracle de la technologie, grâce à Netflix, j'ai à nouveau eu la chance de voir Le Da Vinci Code en VOST ! Et une chose est sûre, c'est que mon sens critique (je ne désespère pas de finir aux grosses têtes à 60 ans), était déjà bien affuté : car en effet, c'est en VOST qu'on profite pleinement du jeu des acteurs.


Par exemple, le jeu de Jean Reno, qui 4 ans avant Colin Firth dans Le Discours d'un Roi, dé-ta-chait par-fai-te-ment tou-tes les syl-la-bes de cha-cu-nes de ses phra-ses. Subtile façon de nous indiquer que son personnage Fache est un ancien bègue, qui comme Bayrou a trouvé le salut dans le service de la nation. A moins que ce ne soit l'unique façon que l'acteur a trouvé pour prononcer des répliques comme "Vous savez que je fais partie de l'Opus Dei" sans éclater de rire.


Comment ne pas s'extasier devant le jeu plus français râleur tu meurs du regretté Etienne Chicot, toujours à marmoner dans sa barbe. Un seul regard face caméra paupière tombante, suffit à comprendre que cet homme n'attend que les vacances pour envoyer bouler ces satanés américains et leurs bondieuseries. "Fache a dit d'attendre, alors on attend". Mais oui !


Si on voit le film en version française, ne risque-t-on pas d'amoindrir ces petites perles disséminées de ci de là, comme par exemple cette apparition lunaire de Denis Podalydes, qui se prend un bourre-pif parce qu'il préfére manger son jambon-beurre plutôt que de répondre à Fache (Mais ouiiii !!!), et qui lance de sa voix de Parisien nasillard un fabuleux "Connard", que n'aurait pas renié Victor Hugo ?


Et évidemment, clou du spectacle, voir le film en VOST c'est profiter du jeu badass d'Audrey Tautou qui ponctue LA révélation du film de son grandiose "Non c'est pas possible" : MAIS OUIIIII !!!


Bon si l'on est sérieux un instant, elle s'en sort en réalité très bien... dans les scènes en anglais. Da Vinci Code est une preuve de plus qu'il est extrêmement difficile d'être dirigé par quelqu'un qui ne parle pas la même langue que soi. C'est aussi un belle illustration de la différence de jeu entre Français et Américains, et de leur difficile compatibilité au sein d'un même film. Tom Hanks est ainsi constamment juste et parvient très rapidement à nous faire oublier sa coupe de cheveux d'une autre galaxie (ce qui tient du miracle).


Pourtant, comme dans la vraie vie, quand les Français et les Américains tentent bon gré mal gré d'accorder leurs violons et de jouer une partition commune, qui déboulent comme un chien fou dans un jeu de quilles ? Mais les Anglais pardi !


Pas besoin de VO ni de ST pour profiter du regard halluciné de Paul Bettany, embarqué dans une performance que seul lui peut comprendre. Trimbalant sa gueule de conton tige ahuri d'une scène à l'autre, il hésite constamment entre jouer le vampire ou jouer le zombie, avant de mourir bêtement abattu dans une scène que n'aurait pas reniée Le Comissaire Moulin. Mais à quoi pensait toute l'équipe ?


En revanche, la VOST est indispensable, que dis-je, légalement requise, pour savourer Ian McKellen dans son rôle le plus Ian McKellen ! Peut-être fatigué d'incarner Magnéto, toujours sérieux même quand le film part dans tous les sens (la même année sort X-Men 3), il opère ici un virage à 180 degré, en roue libre sans frein à main sur du verglas ! Constamment en train de flirter avec tout ce qui bouger, de Tom Hanks à Audrey Tautou, en passant par le charmant interprète de son majordome, Sir McKellen est comme un enfant dans un magasin de jouets le soir de Noël. Et il faut bien le dire, un acteur qui s'amuse à l'écran, c'est souvent contagieux !


Ah, la candeur avec laquelle je pouvais regarder les films il y a 14 ans est probablement perdue à jamais. Et pourtant, bien que sous des formes différentes, il semblerait que le plaisir, lui, soit resté intact. Oui j'aime le Da Vinci Code ! En VOST !

IanCher
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le 21 sept. 2020

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IanCher

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