Sea Fever est un huis-clos horrifique classique et très maîtrisé. En une heure et demi à peine, la réalisatrice parvient à rendre attachant ce groupe coincé sur un chalutier aux prises avec une créature et une infection inconnues. A travers des dialogues bien écrits et des moments d'intimité savamment placés, elle nous fait rapidement entrer dans le groupe, là où les premiers échanges à base de marins superstitieux laissaient craindre du pire. Ayant réussi à nous impliquer dans le sort de ses personnages, elle peut dès lors jouer pleinement des effets de suspense et d'horreur ! Tout n'est pas parfait (je ne comprends pas trop la grand-mère par exemple, ou encore le passage obligé du test à la The Thing qui n'est pas très clair), mais cela fait de Sea Fever un très bon thriller horrifique !
Il y a en revanche un point qui me chagrine vraiment. En interview, la réalisatrice a déclaré avoir fait ce film en réaction aux personnages de scientifiques qui se brûlent les ailes et finissent toujours par payer leur hubris. Elle voulait au contraire faire de la science la véritable héroïne, montrer qu'elle sauve des vies etc... Projet intéressant, mais alors pourquoi être tombé dans l'autre cliché, celui de la scientifique froide qui analyse tout de manière robotique ? Des répliques comme "je ne devine pas, j'analyse des faits", sorties lors de conversations parfaitement anodines (ce qu'elle a "deviné" en l'occurrence, c'est que son interlocuteur était marié, pas de quoi casser trois pattes à un canard), ne font que la rendre antipathique. Il faudrait vraiment qu'un jour les scénaristes comprennent que les scientifiques, tout sérieux qu'ils soient, sont avant tout des êtres humains.