Petit film très sobre et intelligent, qui brille par le documentalisme de son introduction. L’image me faisant immédiatement penser à plusieurs films d’horreurs réussis de ces dernières années, le premier me venant en tête étant The Invitation.
La première partie est très réussie. Elle se démarque par une relative sobriété, mais la présentation de personnages crédibles et donc attachants. La doctorante, coupée du monde et des autres par ses études, les propriétaires du bateau se relevant d’un drame de vie, les skippers et l’ingénieur là faute d’autre chose. Rien n'est dit, mais tout est là, bravo.
Peu importe le manque de moyens évidents, la photographie est belle, et nous permet même quelques visions aquatiques appréciables. Il s’agit cependant d’un film d’ambiance, dont la plupart des scènes sont tournées en intérieur. Les problématiques initiatiques mises en place, les personnages bien présentés, il s’agit de partir à l’aventure. Certains dialogues nous mettent sur le chemin d’un huis clos où les hommes la solitude et la fatigue seront le coeur du drame => La fièvre des mers du titre.
Mais très tôt, le film se lance dans une SF que l’on n’attendait pas vraiment, toujours avec une certaine sobriété. Condition sine qua none des films de monstres réussis (vous me donnerez vos avis sur la question en commentaires) le monstre ne sera jamais vu. Et là, étrangement, à cause d’un rythme qui flanche, de personnages qui restent relativement placides devant des situations horribles, on décroche quelque peu d’un métrage qui avait su nous harponner.
Surtout, il semble que le film ne sache plus sur quel pied danser. Les thématiques développées au préalable sont abandonnées ou laissées de côté au profit d’une opposition entre la doctorante et le reste de l’équipe qui n’a pas vraiment de sens, hormis l’hommage évident à The Thing.
La folie préparée par tout le métrage n’arrive jamais, si ce n’est pour un personnage dont la mort signe l’arrêt de l’intérêt du spectateur. Tout çà pour une scène choc, mais qui ne mène à rien.
La dimension écologique timidement amenée par certains plans introductif (la scène aquatique du départ du bateau, qui noircit l’eau claire du port est très belle) est complètement abandonnée, mais ressort du chapeau au moment de décider de sauver le monstre plutôt que de le tuer (la simplicité des années 80 me manque).
L’héroïne est un brin énervante, et son chemin initiatique est finalement complètement inexistant. Elle est venue poussée par son maitre de thèse pour se faire des amis, elle passe au contraire tout son temps à se montrer antipathique et ne gagne jamais en charisme, la faute à des scènes de réflexion scientifique à haute voix dont on se serait bien passé.
Reste la beauté des plans, des acteurs concentrés, une bête mystérieuse prometteuse et surtout une thématique à peine éffleurée, celle du mythe.
La rousseur amène la malchance et fait peur à l’équipage, les déesses habitent les mers et réchauffent le coeur des marins, l'accent nordique englobe chaudement le tout.
Il est dommage de ne pas plus développer le thème du mythe, qui aurait fait un parfait pendant au personnage très cartésien que nous suivons, mais l’idée est bien vite abandonnée.
En conclusion, comme beaucoup de ces films d’horreurs prometteurs, on reste sur sa faim, mais on passe un bon moment. Je suivrais les prochains coups de ce réalisateur.