Dupieux avait avec Yannick fait une incartade dans son non-sensique habituel, véhiculant un message sur le rapport du public à l’art et la folie que l'artiste doit faire sienne. Une sorte d’auto-réflexion sur son oeuvre, bien que Mr. Oizo se dédouane de toute interprétation de sa filmographie. Si Daaaaaalí ! penche plutôt vers le reste de son catalogue, on ne peut tout de même pas s’empêcher de faire un parallèle entre le personnage traité, avec un cabotinage fendard de ses six interprètes (Cohen et Baer en tête), et le cinéaste absurde. Les deux se parent d’un univers loufoque, surréaliste, où les perceptions spatio-temporelles, réelles et imaginaires, s’imbriquent les unes dans les autres dans un fourre-tout expressionniste du plus bel effet.
Car ici, pas de biopic, mais une succession de saynètes brossant un portrait d’un imaginaire plutôt que d’un homme, d’une représentation d’une fibre artistique plutôt que des œuvres elles-mêmes. Dali (le personnage) est un contexte pour Dupieux, une occasion de proposer une variante plus légère de Réalité, qui se donnera même une introduction au spectateur sous la forme d’un monologue d’Anaïs Demoustier (d’un naturel confondant dans son rôle de journaliste), pour ne pas le mettre sur le carreau d’entrée de jeu, . Un film lumineux, porté par une ritournelle fort sympathique de Thomas Bangalter.
Un film drôle, où le plaisir du casting se ressent à l’écran et devient vite contagieux. On regrettera tout de même une certaine répétitivité dans les mises en place, que ce soit au sein du film ou sur l'entièreté de la filmographie du réal. Mais rien qui n'entache le plaisir en salle outre mesure. Dupieux continue son rythme de deux films au concept post-it par an, et ça fonctionne, avec une science du renouvellement qui fait plaisir.