Un film magnifique pour un sujet difficile...

Tout le monde le sait, mais tout le monde le tait !

Pourtant, à l'heure où les langues se délient, nous commençons à prendre conscience des ravages que fait l'inceste dans les familles. Et cela dure depuis des générations, produisant son lot de frustrations, de délinquance, ou de suicides. Avec des conséquences hideuses dans la vie d'adulte ! Ah ! ce droit de cuissage...

"Cela doit rester notre petit secret" comme disent les pervers qu'ils soient oncle, frère, père, grand-père, cousin voire mère... Selon les sources, près de 10 % des familles seraient concernées à des degrés divers. Avec toutes les conséquences désastreuses sur l'équilibre mental des victimes, sur les équilibres familiaux et les ruptures constatées dans le fonctionnement de la société. Et toutes les couches sociales sont concernées, tous les milieux culturels, tous les milieux socio-professionnels, tous...!

Ici, dans ce très beau film, on suit la rédemption de Dalva, magnifique et étonnante Zelda Samson, toute en émotion, en mélancolie, en solitude, qui a été soustraite aux poids de son père, un pédophile qui en a fait son jouet. Dalva est sous emprise totale et n'a aucune fenêtre pour tenter de s'en sortir. Sa mère a été rejetée et n'a personne pour l'aider. Elle devra faire l'apprentissage de la vie en foyer, tenter de retrouver sa mère, reprendre des marques en rapport avec son âge d'une douzaine d'années pour réapprendre à vivre.

Son père en a fait une femme en lui confisquant son enfance et sa naïveté. C'est assez horrible et bouleversant de l'observer vouloir se révolter contre cette déchirure, contre cette société qui la torture pour tenter de retrouver son mentor emprisonné quoi qu'il arrive et malgré les difficultés. Jusqu'à cette terrible visite du prisonnier dans une cellule froide et inhumaine.

Heureusement, sa voisine de chambre, Samia, étonnante Maia Sandoz, va la bousculer, la consoler et lui laisser entrevoir une vie meilleure, plus en relation avec son âge, aidé par un étonnant Roman Coustère, gamin déluré et attachant. L'équipe d'éducateurs est attentive, efficace, attachante, responsable, en tête desquels on trouve Jayden, excellent Alexis Manenti, parfois brutal, souvent plein d'empathie, toujours présent pour la sortir des pièges dans lesquels Dalva se plonge.

Emmanuelle Nicot nous livre un film magnifique, tout en nuances, parfois violent et terrible, pour nous ouvrir les yeux sur un sujet obscur qui commence à sortir du silence et des non-dits.

Le festival du film de Saint Paul Trois Châteaux (dans la Drôme) a eu l'excellente idée de nous le proposer en avant-première avec un débat passionnant à la clé et juste avant le début des festivités qui commencent demain. Merci à eux.

Et pour en savoir plus, lire l'excellent La fabrique des pervers, de Sophie Chauveau... !

A vous de voir.