Something Wild ou le road movie faussement dégénéré de deux âmes en gentille perdition. La sauvageonne au cœur tendre d’un côté, le quadra complexé de l’autre, il ne faut pas s’appeler Einstein pour anticiper le reste. Relation de domination, cuir et cravache pour la belle Mélanie qui n’hésite pas à donner de sa personne pour faire accepter au peu réticent Jeff Daniels l’idée de se faire malmener gentiment par une déesse coquine qui, ne vous y trompez pas, n’est pas plus méchante que lui.


Pendant une demi-heure, ça fonctionne, on sourit, la sauce prend même si on commence à se demander ce que Demme cache dans sa besace. On comprend vite que ça va mal tourner, et effectivement une longue heure plus tard c’est le cas. L’ami Ray, apprenti cinglé, ex-taulard venimeux, s’invite à la fête. Le voilà ce twist attendu, ce point de non retour qui se planquait dans l’ombre d’une lonnnnnnnnnnnngue heure de roucoulade qui n’a fait que tirer parti d’un pitch tout juste amusant sans jamais le dépasser.


C’est un peu court jeune homme, c’est même laborieux et limite agaçant : tomber dans la routine alors qu’il était question de l’assassiner, n’est-ce pas se planter un peu quelque part ? C’est bien dommage, la mise en scène est d’une belle ampleur et les acteurs sont investis. Outre Mélanie pour laquelle on se damnerait sans y réfléchir à 2 fois, nul autre que Jeff Daniels ne pouvait endosser si naturellement le costume de père nigaud aux bonnes intentions. Il ne manque à tout ça qu’un liant plus punchy et surtout des idées. En l’état Something Wild est très convenu, sans surprise et franchement doucereux … en tout cas bien trop ambitieux en terme de durée pour ce qu’il veut bien raconter.


Bref, pas vraiment convaincu pour ma part … J'ai même eu l'impression de me faire enfler. Quand on te vend un pitch à base de marginalité, de désintégration de la routine et qu’on te promet un soupçon de sauvagerie pour alimenter tout ça (la première scène dans le motel et de manière générale la relation de domination du début surprend, dans le bon sens) et que ça finit façon petite maison dans la prairie, t’es en droit de te demander si on ne te l’a pas faite à l’envers.




Quelques images pour rassasier les copains pervers ici.

oso
6
Écrit par

Créée

le 6 mai 2017

Critique lue 410 fois

4 j'aime

5 commentaires

oso

Écrit par

Critique lue 410 fois

4
5

D'autres avis sur Dangereuse sous tous rapports

Dangereuse sous tous rapports
lucasstagnette
8

Remember, no matter what, it's better to be a live dog than a dead lion.

L'ex-jeune prodige d'Hollywood, aujourd'hui un de ses maîtres oubliés, Jonathan Demme n'aura clairement pas eu la reconnaissance normalement due à son talent ; si Le Silence Des Agneaux représenta sa...

le 29 juil. 2011

5 j'aime

Dangereuse sous tous rapports
Caine78
7

Wild Thing

Si le regretté Jonathan Demme est principalement connu pour l'immense « Silence des agneaux » et « Philadelphia », il serait vraiment dommage de laisser de côté « Dangereuse sous tous rapports » qui,...

le 18 oct. 2017

4 j'aime

Dangereuse sous tous rapports
oso
6

GRRRrrraaaaaaow :3

Something Wild ou le road movie faussement dégénéré de deux âmes en gentille perdition. La sauvageonne au cœur tendre d’un côté, le quadra complexé de l’autre, il ne faut pas s’appeler Einstein pour...

Par

le 6 mai 2017

4 j'aime

5

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

83 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8