Les aventures de James Bond : 007 en Amérique



  • Dieu soit loué, vous voilà James.

  • Ho ! Ça vous va à ravir Moneypenny. Quoique un tantinet canaille.

  • J'ai passé ma matinée à essayer de vous joindre, que diable faisiez-vous ?

  • Ça s'appelle le repos du guerrier, ma chère. Sachez que mon retour de Sibérie a été très pompant.

  • L'ardeur avec laquelle vous vous jetez sur le besogne passe un peu la mesure, James.




Roger Moore et Lois Maxwell prennent une retraite bien méritée : un cycle s'achève



Dangereusement vôtre en tant que quatorzième opus de l'illustre saga James Bond, marque le retour du cinéaste John Glen à qui on doit les épisodes précédents "Rien que pour vos yeux" et "Octopussy". Roger Moore retrouve pour la septième et dernière fois le rôle mythique de l'espion anglais "007", dans un périple autant bancal que distrayant sur un scénario écrit par Richard Maibaum et Michael G. Wilson, basé sur le roman d'Ian Fleming. James Bond enquête sur une puce à impulsion électromagnétique découverte sur le cadavre de l'agent 003. Un artefact qui va propulser 007 sur les traces de Max Zorin(Christopher Walken), leader d'une entreprise multinationale qui projette de faire exploser la faille de San Andreas. Un bouleversement sans précédent qui inonderait la Silicon Valley et causerait par là-même la mort de millions de personnes. Tout cela dans un but purement lucratif afin de monopoliser le marché des micropuces. Une approche scénaristique mouvementée, qui va concilier le bon et le moins bon. En atteste l'introduction usuelle située en Sibérie, qui dans un premier temps frappe dur avec une course-poursuite en ski qui détonne, pour fatalement sombrer dans un second degré décidément navrant, en introduisant en plein milieu de l'action la musique “California Girls” des Beach Boys. Une conduite approximative que l'on va retrouver durant une première partie du récit qui a du mal à captiver l'attention en se concentrant autour des courses de chevaux. Un cheminement de remplissage qui aurait pu être contourné pour aller davantage à l'essentiel. Un faux rythme ennuyant qui peu à peu s'estompe pour quelque chose de beaucoup plus nerveux avec des enjeux beaucoup plus percutants.


Dangereusement vôtre est un film qui a du mal à démarrer et à se maintenir dans la durée, malgré quelques séquences percutantes comme lors de l'affrontement sur la tour Eiffel, qui se conclura sur une course-poursuite effrénée dans les rues de Paris. Un rythme instable qui finit par trouver un second souffle lorsque l'intrigue quitte l'univers des courses de chevaux pour revenir à l'essentiel. Commence alors un récit d'espionnage qui va laisser la part belle à une action énervée et haletante pour un résultat percutant. Des péripéties engageantes de Rémy Julienne et Claude Carliez, où l'esprit Bondien vient à disparaitre autant dans le fond : avec un contraste beaucoup plus terre-à-terre, que la forme : avec un 007 qui perd de sa superbe pour trouver un costume beaucoup plus sérieux. Une mouvance qui tient beaucoup plus d'un polar noir incisif que d'une mission Bondienne (style Roger Moore) à l'approche inoffensive et puérile. Une intention que l'on retrouve jusqu'aux rebondissements qui ne manquent pas d'énergies. On se régale de trouver 007 avec un fusil à pompe entre les mains, avec lequel il va dégommer des antagonistes en tirant des balles de gros sel. S'ajoutent d'autres séquences saisissantes comme lorsque Bond se retrouve à devoir réchapper à un incendie criminel à l'hôtel-de-ville de San Francisco. Un moment anxiogène où 007, accompagné de Stacey Sutton(Tanya Roberts), se retrouve prisonnier d'une cage d'ascenseur enflammée. Une séquence sous haute tension savamment mise en scène. S'ensuit alors une course-poursuite explosive durant laquelle le duo se retrouve à prendre le contrôle d'un camion de pompiers afin d'échapper aux forces de l'ordre. Une longue action périlleuse qui va savamment jouer avec Mr Bond, qui se retrouve suspendue à une échelle sur un véhicule lancé à vive allure sur la route. Un grand moment pour le spectateur qui se régale de ce passage qui restera comme l'une des séquences d'action les plus mémorables de la licence James Bond.



L'intuitif qui improvise dans l'action... forcément génial.



Arrive le chapitre final qui se scinde en deux parties. La première, où Bond et Stacey infiltrent la mine de Zorin et découvrent le terrible cataclysme à venir et qu'il va falloir empêcher. Un cheminement qui laisse étonnamment peu de place aux confrontations puisqu'il s'agit avant tout d'une épreuve de survie où l'espion anglais va devoir survivre à une terrible inondation. Seul Zorin, accompagné de son majordome "Scarpine"(Patrick Bauchau), se défoule en faisant un véritable carton sans une once de pitié sur les ouvriers de la mine. Une exécution cruelle mais jouissive. Démarre la seconde partie, Zorin s'envole sur son dirigeable, auquel Bond s'accroche en saisissant une corde qui va le transporter jusqu'au pont du Golden Gate, où le combat final entre les deux hommes va se jouer. Un duel en altitude animé pour un résultat satisfaisant. Une belle manière de conclure la mission. La cinématographie de John Glen est satisfaisante. Une caméra qui nous promène en Sibérie, pour revenir vers un décor Européen. Un cadre qui met à l'honneur l'hippodrome d'Ascot, en Angleterre, mais aussi et surtout la France, avec la tour Eiffel et son restaurant, ainsi que le château de Chantilly avec ses Grandes Écuries, situé dans le département de l'Oise en région Hauts-de-France, dans la vallée de la Nonette. Un cheminement qui trouvera sa résultante en Amérique, à San Francisco, en Californie. Les décors de Peter Lamont sont réussies notamment autour de l'élaboration de la mine. Les costumes d'Emma Porteous sont efficacement sobres. Des éléments qui se concilient adroitement avec la photographie d'Alan Hume. John Barry propose une partition musicale qui pulse ! Une proposition dynamique qui contraste avec ce que l'on a l'habitude d'entendre. La chanson du générique interprétée par Duran Duran envoie du lourd, de même que le générique.


Après tant de films James Bond, voilà que Roger Moore nous fait ses adieux. À 57 ans le comédien qui commençait à clairement fatiguer range son Walther PPK dans son étui. Si le comédien divise encore, notamment pour l'apport comique puéril de certains de ses films de la licence, il reste une pièce de choix de la saga pour laquelle je reste admiratif malgré quelques désaccords. Une ultime incarnation pour le comédien qui en dépit de l'âge tient encore la distance. Dernière apparition également pour la seule et unique Lois Maxwell, qui revient une ultime fois sous les traits de Miss Moneypenny. Une comédienne symbolique présente depuis le premier opus de la saga face à Sean Connery. Pour sa dernière incarnation du personnage, en faire la Bond Girl principale aurait été une excellente manière de lui dire aurevoir. Surtout que lorsqu'on voit l'inutilité de la charmante Tanya Roberts pour Stacey Sutton, on se dit que ça aurait pu être totalement faisable. Christopher Walken, en tant que Max Zorin est excellent. Un méchant instable et psychotique, étant le fruit d'une expérimentation eugéniste nazie réalisée par le généticien "Hans Glaub" par Carl Mortner, qui l'a élevé comme son propre fils. Walken est vraiment top. Le personnage est vraiment délirant, incapable de faire preuve d'empathie si bien qu'il rigole des situations les moins propices à cela. Zorin peut compter sur son bras armé et maîtresse ''May Day'', incarnée par la comédienne Grace Jones. Une actrice que j'apprécie mais qui ici surjoue totalement dans le rôle d'une tueuse de sang-froid. Au moins elle a pu faire profiter à son amoureux de l'époque ''Dolph Lundgren'' d'un tout petit rôle de façade histoire de faire un petit coucou. Le reste de la distribution fait le taf, on apprécie la venue de Patrick MacNee de la série Chapeau melon et bottes de cuir qui offre un duo sympathique à Roger Moore. On est content de retrouver Desmond Llewelyn en tant que « Q », ainsi que Walter Gotell pour le Général d'armée "Anatol Alexis Gogol", directeur du KGB.



CONCLUSION :



Dangereusement vôtre du cinéaste John Glen signe la fin du comédien Roger Moore qui porte pour la septième et dernière fois le costume mythique de l'espion anglais "007". Une quatorzième mission qui malgré les quelques fautes de goûts évidentes trouve une résultante appréciable avec des séquences d'action suffisamment percutantes pour passer un bon moment de divertissement. Un film où je suis partagé entre une appréciation "Bien"(6), et très "Très bien" (7). Vu que je n'arrive pas à me décider, va pour un 6,5/10 que je dois arrondir à 7.


La fin d'une époque Bondienne. Bon vent à Roger Moore.



Mon problème, c'est que vous n'avez encore rien fait avec moi.


B_Jérémy
7
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le 28 sept. 2022

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