Un drame en noir-blanc qui se veut un portrait cru d'une jeunesse turbulente en perte de repère. On pense forcément aux équivalents japonais qui arrivaient tout de même à mieux capter la vitalité anticonformiste de cette génération. C'est plutôt davantage l'académisme et le moralisme qui priment. Passée une introduction alléchante qui laisse croire à une œuvre chorale multi-générationnelle dans un joli noir & blanc en scope, on se recentre rapidement sur le couple des jeunes, partagé entre sincérité et cynisme, arrivisme et candeur.
Je ne connais pas le cinéma taïwanais de cette décennie (peut-être davantage à la fin de ce cycle ?), donc difficile de dire si la sensualité du film et son immoralité initiale étaient monnaie courante ou atypique. Mais le déroulement est sans réelle surprise, quoique le conformisme du discours final est encore plus conservateur qu'attendu, côtoyant carrément les codes du cinéma de propagande (la contre-plongée sur deux visages de profil en gros plans avec un ciel bleu dégagé en arrière-fond).
A l'image de la moto tournant en rond pour obliger l'héroïne à suivre les « recommandations » de son prétendant, le film s'enlise à mi-chemin et peine à évoluer. Le sentiment de sur-place est appuyé par une bande-son incroyablement répétitive qui plagie des succès de la musique pop-rock occidentale (Rolling Stone, Otis Redding...) en instrumentales plus ou moins inspirées et fidèles, dont 2 thèmes sirupeux au saxophone qui sont déclinés jusqu'à l’écœurement à chaque nouvelle scène.
Comme si ça ne suffisait pas, le manque de charisme des comédiens n'incite même pas à prendre en pitié cette romance contrariée.
La deuxième moitié apparaît ainsi bien, bien, bien, bien... bien... bien..... biiiieeeennnnn longue.