J’avais malheureusement raté ce film à sa sortie en salle, et il m’a fallu un moment pour rattraper. Ce que j’en retiens, c’est une histoire extrêmement touchante. Si la construction générale se rapproche beaucoup de ce que Tom Hooper avait déjà pu faire avec Le discours d’un roi, le film n’en reste pas moins passionnant. J’ai beaucoup aimé la lente évolution de Lily, ou plutôt sa renaissance. La façon dont le film joue avec la subtilité, commençant avec ce bref flash, comme quelque chose d’enfoui qui se réveille, puis prend de plus en plus d’importance avant de devenir prédominant. Ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce film, c’est que le déclic lui-même n’est pas clairement établi, parce qu’il n’y en a pas, Lily a toujours été là, simplement cachée derrière un voile. Et pourtant, on sent clairement que ce voile disparaît entre le début et la fin.
Du coup, il en ressort un film extrêmement touchant, percutant, efficace. Non seulement il réussit à jouer sur nos propres préjugés sur les transgenres, à flouter les limites, tout en réussissant à passer d’excellents messages de tolérances. Le rythme même est fluide, le film prend son temps sans pour autant se perdre en longueur, il s’attarde à bien poser les bases pour rendre naturelle la progression de l’intrigue. Je pense que le film est juste, il sait quoi montrer, quoi laisser deviner. Outre le personnage de Lily, il prend le temps de s’attarder et de développer son entourage, avec notamment la personnage de Gerda, dont le rôle est tout aussi important, sinon plus. Si Lily est la protagoniste, c’est Gerda la véritable héroïne de cette histoire. Et c’est la relation entre elles qui rend la fin du film si poignante, si puissante. Parce qu’on est là, on se laisse porter par les émotions, et la conclusion arrive et vlan, on se prend tout dans la gueule.
Le casting est grandiose. Eddie Redmayne est bluffant, véritable caméléon crédible dans son rôle. Mais là aussi, c’est bien Alicia Vikander qui porte véritablement le film, qui nous transporte avec elle, qui nous fait vibrer, qui nous fait prendre conscience de ce qui se joue à l’écran. Le reste du casting est également bon, voire même très bon, mais les deux leur feront quand même un peu de l’ombre tellement ils sont éblouissants, et on sent bien la dynamique entre eux. Alexandre Desplat nous propose une bande originale très proche de ce qu’il avait produit avec Le discours d’un roi (les deux films ont beaucoup de similarités), dans des tons mélancoliques. Décors et photos sont superbes, et la réalisation de Hooper sera efficace, jouant beaucoup avec ses acteurs pour dynamiser l’ensemble.
Bref, Danish Girl est un bon film et est porteur d’un message fort. Il peut se montrer parfois trop académique dans son approche, très classique pour un biopic, mais cela n’amoindrit pas à quel point son histoire est captivante.