Quelle splendeur! Une véritable claque visuelle. Des plans somptueux, une image magnifique du début jusqu'à la fin. C'en est à se demander comment d'autres font pour nous donner des images merdiques. Ben là en fait c'est du génie, tout simplement. Un film réellement contemplatif. Bon sur tout les points, et vraiment aucun défauts. Juste époustouflant.
Tout d'abord sur le point scénaristique. Quel pied! Quelle profondeur, quelle densité des personnages. Une densité des propos, enlevez le contexte si ça vous dérange on s'en fout presque. Ne vous attardez pas sur ce qui vous semble être une banale histoire de résistance durant la Seconde Guerre mondiale, balayez tout et regardez ça en être humain, simplement, à coeur ouvert.
Souchénia porte sa croix, intègre, droit, humble et juste. Pourtant la bêtise d'autres hommes dépassés par la morale va provoque sa perte. Accusé dans son village, dans son milieu d'avoir vendu ses compères alors qu'en fait il n'a jamais rien dit aux nazis. Tout ce qui put faire de lui en 37 ans un homme respectable et respecté, balayé d'un revers de la main par la folie furieuse de la haine et de la justice zélée. Dès le début du film Souchénia charge sa croix sur ses épaules. Les différents flashbacks du film vont nous raconter l'histoire des trois protagonistes. Les deux résistants chargés de l'exécuté sont des hommes impulsifs et non-réfléchis. Un s'est perdu à cause de sa bêtise qui lui sert à rendre la justice au nom de l'anti-nazisme, l'autre est un lâche de première qui n'a aucun sens de l'honneur et de la justice. Quel comble pour le pauvre Souchénia qui en va jusqu'à ce maudire de ne pas avoir été pendu. Dès son arrestation par les Nazis Souchénia est mort, au fond d'une geôle. Mais le destin en a décidé autrement, Souchénia devra faire son chemin de croix, il devra souffrir et voir arriver la mort lentement et inexorablement vers lui, comme c'est plan longuement contemplatifs, comme pour dire que Souchénia ne fait plus partie de cette nature parfaitement harmonieuse et calme. Le calme, c'est ça qu'il est, comme une pierre tombale, sauf que lui n'en aura pas. Il est destiné à mourir pour une vengeance sordide, une élan de haine dévastateur et irréfléchi qui entraînera la mort de ses deux bourreaux dont il finira par porter les cadavres, comme il porterai une croix. Bourov le repenti sur le lit de mort semble mourir au moment de saisir la vérité, Voitik lui ne connaîtra pas la clémence et sera abattu comme un vulgaire voleur. Souchénia finira par se mettre une balle, dans la brume, il aurait pu se sauver, mais le calvaire devait finir, il devait emporter les faux péchés, il devait être l'incarnation de ce martyr des hommes trompés, des hommes qui meurent en silence pour la bonne conscience des autres. Rejeté par tout le monde il sauve la vie de son fils et de sa femme en se donnant la mort. Acte qui les réhabilitera auprès des autres. Niant sa culpabilité il en portera le fardeau durant tout le film. On arrive au moment de l'histoire où tout est joué, leurs vocations stériles ne fera que tous les mener qu'à la mort. Une marche impitoyable vers la fin. La fin de leur monde. La fin de leurs tourments. Souchénia vivra sa passion, en portant le cadavre de Bourov comme une croix. Il paiera pour les péchés des autres et c'est tout, le destin lui a choisi la voie qu'il devait prendre. Et tel Ponce Pilate tout le monde autour de lui s'en frotte les mains.
Du point de vue technique un film formidable, splendide, magnifique, je n'ai pas assez de qualificatifs pour le définir, c'est juste un chef d'oeuvre. Des pans d'une rare qualité, des images renversantes. On se demanderai comment se fait-il que tous les films ne soient pas comme ça. On en ressent l'humidité, le froid, la nuit, le jour, la peur, le sang. On ressent tout, tout est si proche. Une image, une photo, une lumière époustouflante. On se retrouve plongé dans cette forêt biélorusse. Des plans longs, sans pour autant s'ennuyer, il faut contempler, voir, admirer. C'est d'ailleurs une des plus belle photographie que j'ai jamais vu, splendide, sans bavure. Epoustouflant, je le redis mais j'en suis resté bouche bée. Quelle prise de pouvoir de l'image, de la lumière, de la nature. Les personnages s'y fondent ils ne font qu'un avec cette nature impitoyable comme ils le sont. Parfaitement irréprochable, je suis encore sans mots.
Pour finir, je comparerai ce film à un chemin de croix, une marche inexorable vers le sacrifice d'un homme qui même s'il est poussé s'y résous et va au devant de la mort comme punition d'être resté en vie trop longtemps. ll n'aura pas le droit de mourir en martyr, juste en oublié, en traître qu'il n'est pas. La morale et la justice n'étant partisan d'aucun camp c'est toujours l'honnête qui fais les frais de la folie, n'étant pas atteint par elle. Chacun porte sa croix, Souchénia portera la sienne jusqu'au bout sans faillir, et finira dessus