Bon, soyons clair, j’suis embêté. Embêté parce que Dans la cour ne manque pas d’intérêt et que j’ai envie d’en apprécier le pavé que décime, jusqu’à épuisement de toute bonne humeur, le déprimant Pierre Salvadori; et pourtant je sors de la séance un petit peu déçu. En effet, si l’ensemble se suit sans déplaisir, une question demeure toute de même : était-il nécessaire de pousser le sensationnalisme d’une dépression nerveuse à ce point jusqu’à l’overdose, au moyen d’un message qui, à aucun moment, ne se veut un tantinet positif ? Un parti-pris un peu facile qui ne sert que l’optique de brosser un portrait exagérément noir, un poil surjoué, en tout cas trop démonstratif d’une pensée qui se veut trop radicale pour sembler authentique. En un mot, tout ça, c’est beaucoup trop, vous l’avez compris !
Et si la déception se fait si féroce au moment d’écrire cette complainte, c’est parce que Dans la cour est pavé d’intentions louables, réussi, même, quand il fait état de la belle rencontre qui se joue à l’image entre Madame Catherine la légende et le gros nounours Gustave Kervern. Une relation touchante mise en scène avec douceur par un œil attentif qui évite d’en faire des tonnes. Malheureusement, il n’y a bien que lorsqu’il filme ses deux acteurs vedettes que Pierre Salvadori trouve la nuance. Le reste du temps, il livre une apologie de la comédie dramatique sociétale clichée bien peu inspirée. Ses personnages secondaires, à eux seuls, témoignent de son inspiration débordante : entre l’ex-sportif blessé toxico, l’architecte guindé casse burnes, le mari impatient, l’allumé violent repenti et son clébard, on finit par décrocher, la satire est trop poussive.
Restent tout de même en tête de jolis moments, quelques scènes amusantes, qui doivent bien plus aux deux interprètes qui se partagent une belle complicité à l’image qu’au contexte qui les réunit. Un film probablement blindé de sincérité qui manque de peu le coche en en faisant … ?? Trop. On est d’accord !