Le film commence par un départ. C'est un homme qui quitte un monde pour entrer dans un autre. Il ne ressent plus rien, il n'y a aucune moquerie dans son choix de devenir gardien d'immeuble sans même parvenir à prononcer sa phrase préparée: "j'ai toujours aimé le côté convivial de la profession". Il vient là simplement pour se cacher, servir, essayer autre chose. Il se détruit encore, s'oublie, oublie et observe. Pour ce rôle, Gustave Kervern est parfait, murmurant, désorienté avec ce qu'il faut de drôlerie. Il devient un murmure, mettant la vie entre parenthèses, accumulant les tâches insignifiantes pour ne plus penser. La surprise tiendra au fait qu'il va devoir aider (ou se faire aider), dissimuler, apprendre et connaître.

C'est sur une rencontre que va se jouer le film, celle entre Antoine et Mathilde. Il s’enivre mais pour mieux retomber, elle aide mais pour ne pas s'aider elle-même. Et, là encore, point d'erreur de casting ou de moquerie quand Catherine Deneuve entre dans la peau de ce personnage névrosé. Elle empoigne cette angoisse vivante, joue l'effrayée jusqu'à la folie comme jamais. La scène de la visite de sa maison d'enfance en est le point d'exergue. C'est en décalage, toujours, que s'écrivent les névrosés de Pierre Salvadori.

Dès lors, chacun dans cette cour d'immeuble parisien a sa petite (ou grande) obsession. Il n'y a jamais de superflu dans cette démarche de catégorisation des personnages, car un petit quelque chose fini par leur échapper. Ils ne suivent pas une ligne droite mais évoluent dans un déséquilibre permanent. Les dialogues sont souvent très fins, jamais en trop, le basculement de registre également. L'humour est savamment dosé , surtout quand il nous est retiré sans crier gare.

Ce n'est pas un film parfait, mais c'est une petite comédie qui sait préparer ses blagues à temps. Sans nous infliger une morale à la fin, sans happy end. Il a suffit à Pierre Salvadori d'observer les fissures au coeur des êtres, de provoquer l'éboulement. Mais, surtout, de tenter de cacher l'affaissement du corps, la perte de contrôle, l’agrandissement de la fissure. Ce sont quelques moments de vie, de rencontres et parfois même, osons le mot, de tendresse. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, c'est du cinéma qui parle d'un microcosme pour nous parler de notre monde.

PS: je ne résiste pas à l'envie de partager ceci http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-francois-morel-catherine-deneuve-et-moi

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le 7 mai 2014

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eloch

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